La Force Tranquille

Avant d’arriver en classe chaque matin, je passe devant des restaurants et une épicerie qui me semblaient très inhabituels quand je suis arrivé dans mon arrondissement. Ce quartier multiculturel et bigarré me donne l’impression de devoir trouver une occasion pour essayer autres choses que la nourriture française que je mange presque tous les jours.

L’une des choses que je voulais essayer depuis longtemps est la cuisine turque. Bien que Vancouver offre une grande variété de nourriture authentique, je n’avais jamais trouvé un restaurant qui vende les doner kebab répondant à mes standards difficiles. J’étais sûr que l’omniprésence de plusieurs restaurants de kebabs était une indication que n’importe quel restaurant pourrait être à la hauteur de mes attentes. Mon optimisme s’est avéré exacte.

Pendant ma pause déjeuner, je suis allé au restaurant qui s’appelle Üsküdar sur la rue de Marseille, moins de dix minutes à pied de l’université. Comme tous les autres restaurants de kebabs, il y avait un haut comptoir et un menu compliqué à comprendre. Toutefois, ce restaurant en particulière avait une file d’attente et une équipe de cuisiniers agités qui préparaient des assiettes et des kebabs tout en coupant en tranches du veau grillé accroché verticalement dans d’une grande rôtissoire. Avant de commander mon premier kebab à Lyon, l’un des vendeurs, un homme d’âge mûr souriant avec une moustache de « Super Mario », m’a demandé si j’étais prêt. Voulant que je ne savais pas trop comment passer ma commande, il m’expliqua généreusement les choix de sauces et de légumes et beaucoup d’autres combinaisons qu’il me suggérait d’essayer. Il ne parlait guère. Sa manière calme et sage contrastait avec le rythme soutenu du restaurant. Pendant que j’attendais mon repas en m’assoyant, je pouvais sentir sa concentration, ce qui est un peu étrange pour moi, car on m’a enseigné l’importance de la communication active quand à mon expérience travaillant dans un restaurant.

Enfin, mon kebab est arrivé. Toujours souriant, le vendeur m’a approché et me l’a servi sans rien dire. Je pouvais sentir aussi sa fatigue à travailler sans relâche en regardant ses yeux timides. Il tournait la tête, marchait en direction du comptoir et commençait déjà à préparer les commandes suivantes. Pendant ce temps-là, je mangeais le meilleur kebab qu’il m’a été donné de goûter jusqu’ici. C’était délicieux. Les ingrédients frais et les saveurs harmonieuses n’étaient pas les seules raisons de vouloir revenir chaque jour. L’expérience de regarder un homme gentil, clairement passionné par son travail et silencieusement occupé à rendre les gens heureux, est celle qui me fait apprécier la nourriture simple, honnête et authentique. Ce fut une vraie expérience culinaire plutôt qu’un simple déjeuner.

Dès que j’ai payé, il m’a dit « Merci, au revoir ! » Et je lui ai répondu « à demain ». Mais je lui ai menti. Après les cours, je suis revenu à Üsküdar et j’ai acheté un autre kebab afin de satisfaire mon nouvel amour pour la cuisine turque. Depuis ce jour, je suis retourné manger à cet endroit à quatre reprises, pour visiter l’homme qui non seulement me fait des kebabs incroyables, mais qui me les fait toujours avec un sourire.

IMG_0956IMG_0957

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *