Une Compréhension Mutuelle

« Bien joué Vincent ! »
« Merci Éric. Sais-tu où ma balle est allée ? »
« Oui, c’est à côté de l’arbre à droite. Il n’y a pas de soucis. »

 

Après que Vincent, mon père d’accueil, a pris le départ (l’endroit d’où l’on frappe la balle lorsqu’on joue un trou), l’un de ses trois amis, qui s’appelle André-Pierre m’a dit : « Éric, est-ce que tu peux regarder ma balle aussi ? »
Philou, l’autre joueur dans notre groupe, a plaisanté « tu n’as pas besoin de le faire parce qu’il ne va pas la frapper plus loin que le trou d’eau là-bas ! »

La première fois où je joue au golf en France, c’est l’une des choses qui me frappent. La plupart des gens qui jouent au golf ici ont au moins 55 ans ; à cause de cela, ils ont du mal à trouver leur propre balle après chaque coup. Pour moi, c’était étrange d’être la plus jeune personne sur le parcours de golf et d’aider quatre vieux hommes à trouver leurs balles.

Vincent m’a expliqué : « En France, le golf est plutôt un loisir pour les gens âgés, riches et privilégiés. Ce n’est pas très fréquent de voir un enfant ou un jeune homme comme toi qui peut même s’élancer avec un club de golf. C’est assez rare. »

Puis, je lui ai dit que le golf est plus ou moins considéré comme un sport. Quand j’avais neuf ans, j’ai fait partie d’un programme destiné aux enfants qui, pendant l’été, souhaitaient apprendre à jouer. La plupart d’entre eux étaient plus jeunes que moi. Plus important encore, c’est le fait que le golf soit un plaisir qui est plus encouragé à Vancouver peu importe l’âge et le statu économique.

Cependant, je n’étais pas la seule personne qui était mal à l’aise avec leur vision exclusive de cette activité. C’était même plus choquant pour les amis de Vincent de voir un garçon asiatique, de moins de 20 ans, jouer au golf de façon compétitive et qui peut aussi parler anglais et français. Même lorsque j’entre dans le magasin afin de payer le prix, les gens me jettent souvent des coups d’œil surpris. Alors, bien que je trouve troublant que le golf en France soit non seulement perçu comme une activité non compétitive et aussi une façon pour les vieux personnes de tuer le temps, par contre, les amis de Vincent ne se sont pas habitués à voir un joueur prendre beaucoup de temps à calculer la vitesse du vent, la longueur en yards et observer les pièges ou les obstacles qui sont autour de ma cible. Pour eux, je prends ce loisir beaucoup trop au sérieux.

Néanmoins, se demander si le golf est un sport ou un loisir n’est pas la question. Chaque joueur ne connait que deux adversaires : lui-même et le parcours. Par conséquent, c’est la façon dont on affronte ces deux adversaires qui compte. C’est aussi ce qui nous donne un type de plaisir irremplaçable. Bien sûr, tout au long des 18 trous, je leur donnais beaucoup de conseils et de petits trucs qui non seulement pouvaient aider à s’améliorer, mais pouvaient aussi donner un sens à leur activité qu’ils pratiquent souvent. De leur côté, ils m’ont permis de comprendre qu’on pouvait s’amuser sans se prendre trop au sérieux.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *