Le 5 juin 2014
Mon cher journal,
Ensoleillé, chaud, moite. Aujourd’hui, j’ai passé une journée horrible. La douleur, les larmes et les paroles blessantes. Je ne peux pas oublier ni laisser aller ce qui s’est passé. Pourquoi pourquoi pourquoi? Je veux seulement l’oublier.
Comme habitude, comme je fais chaque matin, j’ai marché avec Elora. Aujourd’hui, notre sujet de discussion était les films. Noir et blanc, classiques et anciens. Maintenant, il y a tant de films que je dois regarder. Si je deviens accro aux films en noir et blanc, je vais blâmer Elora !
Bon, on marchait, puis on a remarqué que le trottoir s’arrêtait devant nous à cause d’un chantier. On ne pouvait pas continuer à marcher ; donc, on a décidé de marcher de l’autre côté de la rue. Comment traverser la rue? On traversait en dehors des clous. Oui c’est dangereux, je sais. Mais c’est très normal et typique ici de faire ça. Cette fois-ci, il n’existait pas de passages piétons proches de nous. Donc, les voitures allaient plus vites. Tu sais, cher journal, tout ce qui je pouvais alors me passer par la tête: moi, les voitures, se faire renverser et la mort. Quelle mort tragique !
Donc, Elora a traversé la rue toute seule, sans crainte. Mon dieu, elle était vraiment courageuse. Je n’ai pas osé la suivre car les voitures roulaient trop rapidement pour moi !! TROP rapides! Après, Elora m’a regardé. Zut, si je ne traverse pas la rue maintenant, je serai en retard. Donc, j’ai couru en criant. En arrivant de l’autre côté, j’ai souri avec Elora.
C’est tout ? Non, ça c’est la mauvaise partie. Un homme avec sa petite amie de l’autre côté de la rue ont commencé à rire de moi quand je suis arrivée. Tu sais ce qu’ils ont fait? Le garçon imitait ma voix en disant “ahh!” avec l’air stupide pour se moquer de moi. Sa petite amie riait de ce qu’il faisait et les deux se sont moqué quand je suis passée devant eux.
Tu sais, au fond de moi-même, je réfléchissais à mes actions en marchant. Est-ce que je me suis comportée comme une enfant? Ma voix, mes pensées, ma personne, mes actions? Ce devait être ma voix. Une voix enfantine. Pourquoi avais-je l’air d’une enfant? J’ai déjà passé mon anniversaire et j’ai encore une voix jeune, pas mûre comme les autres. Beaucoup de mes amis me disent que je ressemble à une gamine. Alors, je crois qu’il est maintenant temps de changer, de mûrir et d’évoluer. J’ai voyagé toute seule. Donc, j’avais besoin de commencer à agir comme une adulte et moins comme une enfant. Une adulte.
Même dans le cours, j’étais abattue. Je ne voulais pas parler à personne. Pendant le déjeuner, je ne pouvais pas retenir mes larmes. Mes yeux brûlaient, ma vision est devenue obscure et mes larmes ont finalement commencé à couler. J’ai pleuré en silence. Je me rendais compte que ces deux personnes m’avaient vraiment blessée. Mon cœur. Je ne suis pas aussi forte que je pensais. Peut-être que j’ai une volonté forte, mais pas une âme forte. La forte volonté de sortir de ma zone de confort et d’essayer de manger des choses que je ne connais pas. Mais une âme faible facilement affectée et blessée. Cet événement a montré que j’étais encore un peu trop faible et enfant à mon goût. Cela m’a donné plus d’envie de changer. J’ai commencé à sourire moins et à être plus prudente et attentive.
le 17 juin
Cher journal,
Aujourd’hui, j’étais toute seule en retournant chez moi. En marchant, j’ai regardé autour de moi. Il n’y avait personne dans les rues ni à côté de la rivière. C’était bizarre, mais j’ai continué à marcher. Soudainement, une brise fraîche venant du Rhône s’est mise à souffler sur ma peau. Être sous les feuilles me donnait de l’ombre et marcher dans un chemin créé par les arbres, me donnait l’idée de la liberté. J’écoutais la brise de la rivière, le bruissement des feuilles et le silence. Tout ce que je sentais était la brise; tout ce à quoi je pouvais penser était le fait que je me sentais libre. La liberté. La brise fraîche soufflait sur moi, me rendait libre et contente. La fraîcheur du vent me donnait envie d’être aventureuse et de laisser mes émotions s’échapper. Je ne pouvais penser qu’à une seule chose : ouvrir grands mes bras. J’ai pensé que ça allait avoir l’air bizarre, mais j’avais vraiment envie d’ouvrir mes bras pour embrasser le vent et la liberté qu’il me donnait. J’ai finalement ouvert mes bras au milieu du chemin. À ce moment-là, j’ai accompli l’idée de la liberté et réalisé que je pouvais devenir ce que je voulais être. J’ouvrais les bras comme pour accueillir et embrasser mon nouveau moi.
J’ai bien réfléchi d’à vie quotidienne en même temps. Je voulais être qui je voulais. Je parlais peut-être comme une enfant, mais j’avais les pieds sur terre et un bon cœur. J’étais gentille et agréable. Je ne raillais jamais les autres, je leur donnais un coup de main quand ils en avaient besoin. Je pouvais être franche et honnête. Je ne voulais pas sourire moins. Oui, il y avait des situations particulières qui me commandaient d’être mature et d’agir plus comme une adulte. Mais, mon cher journal, je pense que je pourrais mûrir intellectuellement tout en continuant à agir comme je voulais, au lieu de me conformer à une certaine façon, car le problème était que je ne pouvais pas changer ma voix. Je comprenais qu’il fallait changer et grandir, mais quand même, je pourrais encore profiter de qui j’étais. Je pouvais être « happy Jessica » comme la façon dont mon père m’appelle.