la génération black, blanc, beur

10 juin 16. Je n’ai jamais vu Lyon tellement vivante. Cet après-midi-là, il y avait des familles, des jeunes, des Lyonnais d’âge mur, des touristes anglais chahuteurs, des fans passionnés portant les couleurs de la France et tout le monde formait une vague qui  coulait de la Rue Victor Hugo à la place Bellecour, le cœur battant de la ville. En marchant à chez moi, j’ai entendu des langues différentes ; il y avait des discussions gais, des débats animés, des rires et des chants. Dans cette ambiance joyeuse et festive, je suis arrivé à mon bâtiment et j’ai monté l’escalier au deuxième étage comme toujours.

J’ai ouvert la port de mon appartement et je suis tombé immédiatement dans la vie quotidienne. Ici, il faisait calme et douillet. Je pouvais entendre mes seuls pas sur le vieux parquet grinçant. Une fois dans la sale à manger j’ai trouvé Emmanuel qui retourna s’asseoir dans son fauteuil avec un journal et un café. Je l’ai dit bonjour et je me suis assis sur le divan noir en cuir, sous les portraits des ancêtres de la famille, deux aristocrates français du dix-huitième siècle.

«Aimez-vous le foot, Emmanuel?» lui ai-je demandé.

«Non…je ne suis pas un fan» m’a-t-il  rependu avec paresse, sans arrêter de lire son journal.

« Moi non plus, mais Il est probable que la France gagne cette année, n’est pas? Ce serait incroyable! »

«Peut-être. Cela ne m’intéresse pas beaucoup. En France, Il n’y a pas de Français dans l’équipe nationale. Ce sont tous des étrangers»

En 1998, l’équipe de France, que les médias internationaux avaient surnomé « the rainbow team» a gagné la Coupe du Monde de football organisée en France. Dans l’équipe de vingt-trois joueurs, il y avait de footballeurs d’origine arménienne, algériene, guadeloupéenne, argentine, ghanéenne, sénégalaise, italienne, portugaise, guinéenne et martiniquaise. Ce n’était pas seulement une victoire sportive. Elle montrait la France moderne et multiculturelle au reste du monde et faisait espérer pour une nouvelle société tolérante française. En France, les gens surnommaient les nouveaux joueurs de cette équipe « la génération black, blanc, beur. »

l'équipe France 1998

En parlant avec Emmanuel j’ai compris que cet espoir est menacé par la rancune, la discorde et la peur. Les sentiments de mon père d’accueil à l’égard d’une équipe nationale qu’il ne juge «pas assez française» sont plus populaires parmi les gens de sa génération. Cependant, généralement les tensions raciales deviennent plus fortes en France à cause des attaques terroristes novembre dernière. Cela s’observe dans la popularité des partis politiques comme le Front National qui prônent le conservatisme social, le nationalisme français, et les quotas migratoires.

En 1998, la victoire de la France en coupe du monde a motivé l’unité dans le pays avec la grande variété des races et des cultures représentées au sein de l’équipe. Je crois que l’Euro 2016 a le pouvoir de faire le même chose, mais il faudra que les gens comme Emanuel sortent et regardent les matchs. L’impartialité peut être dangereuse pour la France dans l’avenir.

 

France-Euro-2016

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Note bibliographique

Benzema, Deschamps et le racisme « d’une partie de la France »

http://www.france24.com/fr/Benzema-Deschamps-Racisme-Euro-2016

Euro 2016 : France boss Deschamps to sue Cantona over racism accusation

http://www.bbc.com/news/world-europe-36398922

Euro 2016. France has everything to play for

http://www.theguardian.com/world/2016/may/29/fance-football-team-multicultural-spirit-euro-2016#img-1

 

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