La grammaire et les intelligences multiples

Dernièrement, j’ai lu un article de Marie Nadeau, professeur de didactique du français au département linguistique et didactique des langues de l’UQAM qui nous donne sont point de vue sur l’utilisation des intelligences multiples (Gardner) pour enseigner le français. Dans l’article, elle souligne que Gardner lui-même avait quelques doutes quant à l’application de ses théories de manière effective. De plus, la majorité des ouvrages sont traduits de l’anglais et que par conséquent, ceux-ci ne prennent pas en compte la spécificité de la langue française. Pour son argumentation l’auteur prend l’exemple de quelques activités de grammaire et d’orthographe d’Armstrong destinées à des élèves de niveau 4eme année.

intelligence

Dans la première activité, Armstrong utilise l’intelligence musicale : les élèves épèlent les mots en chantant sur un air « dont le rythme concorde avec le nombre de lettres du mot ». Selon Nadeau, cette méthode reste limitée car elle ne permet pas de faire la liaison entre la graphie du mot et son étymologie. Il vaudrait mieux prendre le temps d’enseigner les liens avec un réseau de connaissances autour du mot plutôt que d’opter pour le par-cœur. La lecture et le dictionnaire sont les meilleurs outils de l’élève pour retenir l’orthographe.
Pour enseigner l’orthographe, Armstrong offre 7 activités pour les sept intelligences pour enseigner les signes de ponctuations. Pour beaucoup de ces exercices, l’élève n’est pas actif sur le plan cognitif. De plus, ses connaissances antérieures et ses représentations ne sont pas mis à profit.

Dans un exercice, l’intelligence spatiale est mise à contribution. Chaque signe de ponctuation est représenté par un dessin. Si l’analogie est un bon moyen pour apprendre, elle reste néanmoins selon l’auteur, plus utile chez les plus jeunes enfants que pour la 4 eme année. De plus, les analogies ne reflètent pas toute la réalité des fonctions de la ponctuation. Privilégier uniquement cette approche éloignerait les élèves d’une véritable compréhension des signes de ponctuation en lien avec la syntaxe des phrases. Dans un autre exercice qui touche l’intelligence kinesthésique, les élèves doivent former les signes de ponctuation avec leurs corps pendant que le professeur lit des phrases qui contiennent ces signes. Si l’exercice est amusant, il reste néanmoins limité puisque il se fait à l’oral. Cela n’aide donc pas l’élève à ponctuer. De plus beaucoup choisiraient la facilite en copiant le meilleur élève.

Nadeau ne condamne pas cette nouvelle approche et relève quelques activités intéressantes. Armstrong par exemple suggère d’expliquer la graphie d’un mot en utilisant le dictionnaire pour comprendre son étymologie (sa racine). Par exemple les lettres ch prononcées /k/ dans les mots d’origine grec comme «chœur», «cholera», «cholestérol». C’est un bon exercice pour éveiller la curiosité des élèves. Un autre exercice qui consiste à créer des phrases folles contenant des erreurs de syntaxe. Ensuite, l’enseignant examine avec ses élèves de qui cloche dans la phrase. Cet exercice fait appel à la conscience morphosyntaxique explicite. Cette forme d’intelligence, joue un rôle dans la compréhension de la lecture et de l’écriture. Tout n’est donc pas à jeter dans cette approche l’essentielle est de savoir comment l’utiliser intelligemment en classe.

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