J’étais la dernière à monter à bord. Essoufflée, j’ai senti sur moi les regards de quarante passagers, prêts a partir, attendant la retardataire, certains souriants, d’autres sourcillants. Fière de ma victoire de ne pas avoir raté le bus, j’ai enfin trouvé ma place et je me suis assise. Le chauffeur a démarré le bus, mis son CD d’Enrico Macias dans le lecteur, regardé dans le miroir et pris la route. Dehors, il y avait le soleil qui brillait.
L’apparition des voitures avec les plaques “FR” sur la route, me signalait que nous étions proches de la France. St. Julien en genevois était une petite ville juste à la frontière franco-suisse d’ où les trains partaient pour la France. Une partie de St. Julien était en France et une autre partie en Suisse et j’ai imaginé que si un jour j’achète une maison juste au milieu de St. Julien, je pourrai me coucher dans ma chambre en Suisse, et prendre mon petit-déjeuner dans ma cuisine en France!
– “ST. Julien! Gare de SBB!”
Le chauffeur a crié. Je me suis levée, j’ai regardé les rues vides de St. Julien par la fenêtre, pris mon sac et je suis sortie du bus. Et il y avait toujours le soleil qui brillait.
En attendant le train, j’ai bien profité du début de mon aventure française. Un jeune couple, assis sur la terre, sous le soleil, une sur les genoux de l’autre, parlant, riant, aimant. Deux jeunes filles, assises sur les clôtures de la gare, lisant, une Le petit prince, l’autre Le monde. Un vieil homme, portant une baguette et deux petits garçons, racontant une histoire de lycée, marchant sur le rail et il y avait toujours le soleil qui brillait.
Le trajet durait deux heures. J’avais assez de temps de tranquillité, pour jouir de la fuite de la nature qui passait devant mes yeux par la fenêtre du train et pour réviser mes plans. C’était aussi assez pour que la femme à côté de moi, finisse de tisser la dernière partie de son châle.!
– “Dernière station, Perrache!”
Premiers pas à Lyon ! Il faisait chaud, c’était bondé et il y avait toujours le soleil qui brillait.
Dans la chaleur autant agréable que la joie d’un samedi après-midi, je suis passée près de joueurs de volleyball sur le quai, près d’enfants qui chantaient et dansaient, près de groupes d’amis assis dans un café pour prendre un verre, devant des fenêtres avec des rideaux en carré, rouges et blancs, décorés par des fleurs et face à la pâtisserie qui me vantait ses tartes aux framboises. Tout me plaisait et tout m’attendait à ce moment-là, où il y avait le soleil qui brillait…