Le tour de l’île (1975)

Pour supporter le difficileet l'inutile, y'a l'tour de l'île :quarante-deux millesde choses tranquilles.Pour oublier grande blessuredessous l'armure,été, hiver, y'a l'tour de l'île,l'île d'Orléans.

L'île, c'est comme Chartres :c'est haut et propre ;avec des nefs, avec des arcs,
des corridors et des falaises.En février, la neige est rosecomme chair de femme ;et en juillet, le fleuve est tièdesur les battures.

Au mois de mai, à marée basse,voilà les oies.Depuis des siècles, au mois d'juin,parties les oies.Mais nous les gens, les descendants de La Rochelle,présents tout l'temps, surtout l'hiver,comme les arbres.

Mais c'est pas vrai !Ben oui c'est vrai !Écoute encore.

Maisons de bois, maisons de pierre,clochers pointus.Et dans les fonds des pâturagesde silence, des enfants blonds
nourris d'azur comme les anges,jouent à la guerren imaginaire.

Imaginons l'île d'Orléans,
un dépotoir, un cimetière,parc à vidanges, boîte à déchets,U. S. parking-e.On veut la mettre en minijupeand speak english-e !Faire ça à elle, l'île d'Orléans,not' fleur de lys-e.

Mais c'est pas vrai !Ben oui c'est vrai !Raconte encore.

Sous un nuage, près d'un cours d'eau,c'est un berceau.Et un grand-père au regard bleuqui monte la garde.Y sait pas trop ce qu'on ditdans les capitales ;l'œil vers le golfe, ou Montréal,guette le signal...

... pour célébrer l'indépendance.Quand on y pense.C'est-y en France ?C'est comme en FranceLe tour de l'île : quarante-deux milles[,].comme des vagues, les montagnes.Les fruits sont mûrs dans les vergersde mon pays.

Ça signifie : l'heure est venue,si t'as compris.

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