Pour supporter le difficile
et l'inutile, y'a l'tour de l'île :
quarante-deux milles
de choses tranquilles.
Pour oublier grande blessure
dessous l'armure,
été, hiver, y'a l'tour de l'île,
l'île d'Orléans.
L'île, c'est comme Chartres :
c'est haut et propre ;
avec des nefs, avec des arcs,
des corridors et des falaises.
En février, la neige est rose
comme chair de femme ;
et en juillet, le fleuve est tiède
sur les battures.
Au mois de mai, à marée basse,
voilà les oies.
Depuis des siècles, au mois d'juin,
parties les oies.
Mais nous les gens, les descendants de La Rochelle,
présents tout l'temps, surtout l'hiver,
comme les arbres.
Mais c'est pas vrai !
Ben oui c'est vrai !
Écoute encore.
Maisons de bois, maisons de pierre,
clochers pointus.
Et dans les fonds des pâturages
de silence, des enfants blonds
nourris d'azur comme les anges,
jouent à la guerren imaginaire.
Imaginons l'île d'Orléans,
un dépotoir, un cimetière,
parc à vidanges, boîte à déchets,
U. S. parking-e.
On veut la mettre en minijupe
and speak english-e !
Faire ça à elle, l'île d'Orléans,
not' fleur de lys-e.
Mais c'est pas vrai !
Ben oui c'est vrai !
Raconte encore.
Sous un nuage, près d'un cours d'eau,
c'est un berceau.
Et un grand-père au regard bleu
qui monte la garde.
Y sait pas trop ce qu'on dit
dans les capitales ;
l'œil vers le golfe, ou Montréal,
guette le signal...
... pour célébrer l'indépendance.
Quand on y pense.
C'est-y en France ?
C'est comme en France
Le tour de l'île : quarante-deux milles[,].
comme des vagues, les montagnes.
Les fruits sont mûrs dans les vergers
de mon pays.
Ça signifie : l'heure est venue,
si t'as compris.