Un conte de fées idiomatique

Quelque chose avec lequel je lutte beaucoup, c’est d’amener les élèves (et moi-même !) à reconnaître quels idiomes et formulations sont distincts en français. Un collègue et moi avons créé un powerpoint du « mot du jour » qui contenait de l’argot, des expressions idiomatiques et des « faux amis » que nous utilisions avec nos élèves de 11e année. Chaque jour, j’ai commencé la classe avec une nouvelle diapo, parfois liée au thème de la leçon, parfois juste au hasard. Mon collègue venait d’un milieu élémentaire, alors nous avons fait un tableau vif et nous ajoutions un mot chaque jour. Au début, les étudiants étaient plein de ressentiment à l’idée que le français est si différent de l’anglais. Finalement, ils sont venus à trouver les différences fascinantes. Si j’oubliais le mot du jour, ils se fâcheraient! À la fin du semestre, les étudiants recherchaient des mots ou des phrases dans ce qu’ils lisaient afin de les ajouter à notre liste. Je pense que cela est également lié à la motivation : plutôt que de voir les différences entre l’anglais et le français comme des ennuis à mémoriser, les élèves ont commencé à célébrer les différences.

Je voulais aussi inclure les autres explorations des idiomes. Donc, j’utilisais des activités que je trouvais en ligne, comme un conte comme ça (Fairytale (Idiomatic Expressions)) dans lequel on peut trouver quarante idiomes distincts.  Alors, pour l’entrée de cette semaine, je voulais me mettre au défi d’écrire une histoire originale en utilisant les mêmes idiomes. J’ai commencé par les grandes idées de l’histoire, puis j’ai pensé aux endroits où les idiomes pourraient s’adapter. Puis j’ai commencé à écrire ! J’éprouvais plus de plaisir à écrire cette histoire qu’à écrire des histoires en français depuis un moment, peut-être parce que certains idiomes sont tellement absurdes ! J’espère que cette histoire est agréable et éducative !

Pour résumer, les défis que je me suis donnée étaient :

  • Écrire une histoire originale
  • Inclure 40 idiomes en français
  • Ajouter un jeu de mots (pour cette histoire c’est « traitre » et « reconnaître »)
  • Utiliser le passé simple (un temps que je n’utilise pas souvent mais que j’ai besoin de pratiquer)

Voici mon histoire (avec passé simple) : Le Roi et Le Pêcheur – passé simple

J’ai aussi fait une version avec passé composé qu’un.e enseignant.e pourrait utiliser avec les étudiants qui ne comprennent pas le passé simple : Le Roi et Le Pêcheur – passé composé

 

Notre manuel n’est pas inclusif : plus de mes pensées sur le français inclusif

Après ma dernière entrée, j’ai plus de pensées sur le français inclusif. Je me suis rendu compte que la langue est beaucoup plus que les mots que nous utilisons, mais aussi dans quelle manière que nous les utilisons ! Pendant un autre cours, j’ai lu un article et regardé un vidéo par Ashley Moore : « Understanding heteronormativity in ELT textbooks: A practical taxonomy. » Dans cet article, il discute comment l’hétéronormativité est dominante dans les salles de classe et les manuels scolaires ajoutent à cette oppression. J’ai décidé d’examiner notre manuel, Entre Nous 4, pour voir si c’est vrai dans ce cas. J’ai trouvé que toutes les couples qui sont représentées dans notre manuel sont les hétérosexuelles !

Il y avait un moment quand j’ai pensé que j’avais trouvé une exception, mais j’avais tort. Sur page 184 il y avait deux noms qui m’ont intrigué : Nathan et Jugurta.  Cependant…

Premièrement, j’étais excitée de voir que Jugurta et Clémentine étaient deux femmes qui voulaient sortir ensemble. Puis, après avoir cherché en ligne, j’ai découvert que Jugurta est un prénom masculin !

Puis, j’ai vu Nathan qui écrit de quelqu’un avec le pronom ‘il ». J’ai pensé que quelqu’un essayait de faire un choix inclusif en mettant Nathan en relation avec un homme! Finalement! Mais… c’était peut-être une erreur, ou quelqu’un a changé Nathan à Nathalie pour éviter l’homosexualité !

En total, je suis déçue par ces résultats, mais pas surprise. Je comprends que les manuels sont faits pour des profits, et les entreprises veulent que les conseils scolaires les approuvent. C’est plus facile à éviter une polémique, et plus avantageux. Malgré tout, j’espère qu’à l’avenir nous verrons plus de manuels inclusifs.

 

Les références :

Avanzi, A., Malorey, C., Prunières, L., Pruvost, N., Jade, C., Miras, G., & Poisson-Quinton (2016). Entre Nous 4 : B2. France: Centre de Recherche et de Publications de Langues, S.L.

Moore, A. R. (2020). Understanding heteronormativity in ELT textbooks: A practical taxonomy. ELT Journal, 74(2), 116–125.

Le français inclusif

En anglais, j’ai fait un changement avec le vocabulaire que j’utilise. Je ne dis plus « boys and girls » ou « ladies and gentlemen » et je dis « they/them » jusqu’à quelqu’un partage ses pronoms. Alors, je ne fais pas encore le même changement en français. Pour changer ça, j’ai regardé un vidéo avec Hélène Frohard-Dourlent et Gabriel.le Villeneuve: « Webinaire sur le français inclusif ». J’ai appris qu’on parle de l’inclusivite, il y a une différence entre la langue inclusive et neutre. Le langage inclusif est pour parler de groupes mixtes (ex. traducteur.rice) et le langage neutre est pour parler de personnes non-binaires et propose un nouveau genre grammatical (ex. traductaire). Les deux présentataires (<– regarde ce que j’ai fait là ?!?!) discutent l’un et l’autre.

Il y a beaucoup de façons que le français serait inclusif pour les femmes, comme créer des termes féminins (ex. écrivaine ou inspectrice), donner le féminin l’emporte (ex. « La plage et l’océan sont belles »), faire l’accord basé sur la proximité (ex. « L’océan et la plage sont belle ») ou inclure un double flexion totale (ex. les collaborateurs et les collaboratrices (ou « collaborateur.rice.s »). Ces stratégies pour la féminisation sont plus bien connues, mais les stratégies pour la neutralisation étaient nouvelles pour moi. Pour exemple, il faut utiliser le syntaxe et vocabulaires épicènes (c.à.d. androgynes), comme « collègue », « scientifique », ou « une personne étonnante ». Aussi, il suffit qu’on utilise les néologismes neutres. On le fait ça avec les pronoms (ex. iel, ol, celleux, elleux), un article neutre (ex. an, san, man), des mots-valise ou modifications (ex. toustes, froeur / adelphe [de grec], Mondame, Minêtre, heureuxes) ou une omission (ex. an traduct*).

Je pense que j’aurai besoin de pratique pour faire mon langage plus inclusif. Les choses que je peux immédiatement changer sont : utiliser une double-flexion partielle (ex. mes ami.e.s), respecter si quelqu’un utilise le pronom « iel »,  et dire « une personne » + un adjectif pour éviter d’identifier un genre. Plus, j’aime beaucoup « toustes » pour s’adresser à un grand groupe ! J’ai appris aussi un nouveau verbe pour quand on utilise un pronom ou accord grammatical qui ne correspond pas au langage que la personne utilise : « mégenrer ».

Je sais qu’il y a les gens qui demandent pourquoi la langue neutre et inclusive est importante ? Pour eux, je dis que le lien entre la culture et la langue est fort. Bien que l’hypothèse de Sapir-Whorf,  qui dit que le langage influence la pensée, ne soit pas nécessairement tout à fait vraie, je pense qu’il y a un lien entre le langage est nos pensées. Par exemple, le simple fait que quelque chose existe, en utilisant le langage, influence la culture. On n’a pas réalisé que des gens comme soi-même pouvaient exister dans la littérature jusqu’à ce qu’on commence à le voir. De plus, en parlant de français inclusif, faire en sorte que mes collègues ou mes élèves voient leurs pronoms comme une option démontre que la langue utilisée en classe influence la micro-culture de la classe. Dans la culture occidentale, où catégoriser quelque chose signifie qu’il est réel, avoir un mot dédié pour décrire quelque chose, par exemple, « Mégenrer » peut également signifier que le concept semble plus « réel ».

ALORS j’ai tellement aimé cette vidéo que j’ai fait un aide-mémoire à envoyer à mes amis et collègues pour qu’ils l’utilisent ! J’en ai mis une copie ici aussi :

Télécharger en PDF: Strategies pour une langue neutre et inclusive

Une réflexion sur mon apprentissage des langues

J’ai grandi en tant qu’enfant unique dans une maison anglophone. Au moment d’aller à l’école, mes parents m’ont inscrit dans une école privée juive très religieuse. Bien que nous soyons une famille laïque, ils ont estimé qu’il était important que j’apprenne l’hébreu. Au début, j’aimais apprendre tous les sons et les lettres que j’ai reconnu de notre synagogue. Je suis fascinée par mon nom, qui sonnait de la même manière dans les deux langues… mais il utilise l’orthographe si différent ! Cependant, j’ai commencé à perdre de la motivation. Les autres étudiants parlaient yiddish ou hébreu chez eux et ils comprenaient les leçons plus facilement que moi. Plus, chez moi, ma curiosité était encouragée, mais pas à l’école. Alors, par le quatrième année mes parents m’ont permis de passer à l’école publique. Là, j’ai commencé à étudier le français de base.

Moi et ma mère à mon école (1990)

Au lycée, j’ai choisi de suivre le français jusqu’en 12e année, et même si ce n’était pas une classe où j’ai brillé académiquement, je l’ai adoré parce que c’était une classe où je me sentais libérée de l’anxiété. La plupart des angoisses que j’avais à propos de l’école impliquaient d’essayer d’atteindre la perfection, et en cours de français, j’avais l’impression que j’avais le droit de faire des erreurs et de prendre des risques, car nous avions tous l’impossibilité d’être parfait dans cette langue ! En outre, en raison du fait que le français était un cours électif, les nerds (comme moi) avaient tendance à prendre le français tandis que les étudiants les plus populaires avaient tendance à prendre l’espagnol. Regroupées au fil des ans, notre petite cohorte d’étudiants français a créé une communauté qui était un espace sûr pour être créatif. Enfin, l’une de mes motivations les plus marquantes pour apprendre le français était ma place dans le monde. En grandissant et en commençant à explorer mon identité canadienne je me suis senti un devoir patriotique d’apprendre la culture canadienne-française et de contribuer aux efforts de préservation de la langue.

Une amie et moi pratiquons pour un sketch en cours de français (2003)

Je suis devenue enseignante de français en 2010 quand on m’a proposé un poste de professeur de sciences humaines à la condition que j’enseigne également un bloc de français 8. Je me suis retrouvé à réviser avec fureur les concepts grammaticaux de base la nuit avant que je dusse les enseigner ! Cependant, grâce à cette expérience, j’ai compris à quel point l’enseignement des langues peut être agréable. J’ai décidé d’améliorer ma compétence en français pour enseigner tous les niveaux de français de base. J’ai assisté beaucoup d’opportunités de développement professionnel comme UBC à Quebec, UBC Continuing Education, Bootcamp FrancoFUN, et les classes de l’Alliance Française. Plus important, en 2016 j’ai reçu mon diplôme du département d’éducation des langues et de la littératie à UBC, le même département dans lequel je fais présentement ma maitresse d’éducation.  En ce moment, je connais, probablement, le plus français que tout autre moment de ma vie ! Sachant que j’ai passé la période critique pour certains aspects de mon apprentissage, ainsi que de vivre en dehors d’un milieu français, j’accepte que je ne développe probablement pas d’intuitions natives. Mais, j’essaie !

Bienvenue à mon carnet de bord!

Bienvenue à mon carnet de bord: Ma Passion Pour Les Langues!

Je suis fascinée par les langues. Peut-être c’est un intérêt inné, peut-être c’est l’influence de mon père. Avant de devenir avocat, il a fait une maîtrise en linguistique dans les années 1970. Il était un grand fan de Chomsky et, selon ma mère, m’incitait régulièrement à expliquer mes choix de mots et de grammaire. Par conséquent, on pourrait dire que dès que j’ai commencé à parler, je suis devenue un sujet de test involontaire dans une expérience informelle pour prouver la théorie de la Grammaire Universelle innée ! Alors pendant mon enfance, nous discutons ensemble beaucoup des théories sur les langues. Alors, c’est quelque chose que me fascine.

This blog started as an assignment for a course I was taking as part of my Masters Degree, but has now evolved as a place for me to share the resources that I have created, as well as my thoughts on language learning. I am continually growing as an educator and French speaker, so please feel free to give me feedback in both areas.