Semaine 1, jeudi

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MARIE DE FRANCE, LE LAI DE LANVAL : NARRATION ET IMAGINAIRE

On commence avec la fin du cours de mardi

Image : KKDC

Tapisseries / tenture de la Dame à la licorne, Musée de Cluny (Musée national du moyen âge), Paris

I. L’IMAGINAIRE

Un récit qui vient d’un autre monde, et qui est un autre monde en soi.
Un truc pour lire toute littérature—c’est à dire toute œuvre artistique / esthétique qui utilise des mots, y compris tout roman de tout genre, le fantastique, la science-fiction, le polar, les séries télévisées, les films, …—c’est de se mettre en état fantaisiste et imaginatif. On entre dans un autre monde, un univers parallèle ou alternatif ; ce sont des univers multiples dans un multivers. Chaque monde ayant son propre règlement, ses mœurs, son code social, ses façons de vivre et d’interagir.

Comment imaginer l’inimaginable ? Comment chercher à le comprendre, à l’expliquer, à s’aventurer dans ce monde en quête de savoir ? Même si c’est en visiteur humble plutôt qu’un essai d’y vivre ou de « vraiment le connaître » en l’occupant ou le conquérant…

II. L’ÉTRANGE ET LE MERVEILLEUX

Pour résumer un peu nos commentaires :

  • les personnages principaux, comment ils sont dessinés, comment chercher à en faire le portrait afin de les comprendre
  • la dame : le mystère ; ses énoncés (souvent énigmatiques), son grand discours à la fin
  • Lanval : nul / antihéros / paradoxe / parodie
  • le monde courtois et le monde légal
  • les mondes, pluriels : les étrangers et leurs étrangetés, un monde ailleurs à côté (ou en-dehors, ou à l’intérieur ou en-dessous) du monde principal de la cour d’Arthur (notre monde étrange principal du récit)
  • si dans la réalité à l’extérieur nous avons déjà plusieurs mondes plus ou moins séparés qui coexistent—géographie, statut social, métier—voyons-nous aussi le monde des femmes comme encore un autre monde différent, un univers parallèle ?
  • le moment de crise au milieu : la reine et l’accusation – une composition narrative qui n’est pas seulement linéaire, mais qui est aussi circulaire, en chiasme, construite autour de ce moment-clé au centre structurel
  • une croissance de la tension dramatique qui mène au procès – une cour à l’intérieur de la cour – et au discours de la dame, qui résume l’histoire en mise en abyme… en y ajoutant aussi un deuxième procès
  • la subversion

III. COMMENT REPRÉSENTER CE(S) MONDE(S) IMAGINAIRE(S)

Un manque d’images (enluminures) dans le seul manuscrits, British Library Harley 978, où se trouvent les douze Lais (de même pour les quatre autres manuscrits qui offrent un ou plusieurs lais) :

Quelques exemples plus récents de représentations / visions / façons d’imaginer (= le médiévalisme)

Un monde de guerriers, chevaliers, combats, etc. qui se croise avec un univers mythique arthurien : quelques exemples (2017, 2004, 1975)

Créer une ambiance mystérieuse, mythique (un il était une fois qui est une époque avant / à côté / en-dehors du temps), magique, irréelle, merveilleuse : la forêt sauvage, la lumière, le brouillard…

Une version fantaisiste et stylisée, dialogues en ancien français (Eric Rohmer, 1978 ; scénario : Chrétien de Troyes, 12e s.)

TV5 vous propose une version d’une histoire liée à celle de Lanval (base : légende / histoire orale plus ancienne + deux romans français du 14e s., celui—plus court, en vers—de Coudrette et celui—plus long, en prose—de Jean d’Arras) :

et encore, si vous êtes en quête d’aventures supplémentaires

POUR MARDI …

MARIE DE FRANCE, EN TRAIN D’IMAGINER…

Paris, Bibliothèque de l’Arsenal 3142 : un recueil qui comprend entr’autres les Fables de Marie de France, avec quelques enluminures dont cette lettrine historiée célèbre (à la fin des Fables) …