Français Keynote

Keynote Presentation – Friday May 17th 11:00 to 12:30pm

Présentateurs : Jessica Kolopenuk1,2,3 & Rick W.A. Smith3,4,5,

1 Département de médecine familiale, Faculté de médecine et de dentisterie, Université de l’Alberta

Faculté des études autochtones, Université de l’Alberta, Edmonton, Alberta, Canada.

Programme de recherche et de formation sur la science, la technologie et la société indigènes, Faculté des études indigènes, Université de l’Alberta, Edmonton, Alberta, Canada.

Département de sociologie et d’anthropologie, Université George Mason, Fairfax, Virginie, États-Unis.

5 Études sur les femmes et le genre, Université George Mason, Fairfax, Virginie, États-Unis

Titre : Strange Bedfellows ? Réduire la relation coloniale entre les études indigènes critiques et l’anthropologie biologique

Résumé : Pour un chercheur en études autochtones critiques, l’expression “décoloniser l’anthropologie” peut sembler un oxymore évident. Seule discipline universitaire à avoir émergé en relation avec les souverainetés indigènes et à les soutenir, les études indigènes critiques (comme leur nom l’indique) critiquent depuis longtemps le passé et le présent de l’anthropologie tout en revendiquant le droit de façonner l’avenir de la discipline. Plus récemment, les spécialistes des études autochtones sur les sciences, les technologies et la société (Indigenous STS) se sont intéressés aux nouvelles trajectoires de l’anthropologie biologique, grâce auxquelles le développement de plateformes de séquençage à haut débit et de stratégies d’enrichissement de l’ADN ancien permet aux scientifiques d’étudier l’ADN des peuples anciens et d’autres organismes biologiques : souvent, les ancêtres et les parents des peuples autochtones modernes. Les spécialistes de l’anthropologie biologique, et en particulier de la recherche en génétique/génomique sur les peuples autochtones, estiment que les avancées technologiques dans leur domaine ont été plus rapides que les discussions sur l’éthique des méthodes scientifiques les plus récentes. Cet exposé explorera la manière dont ce récit efface la résistance longue et continue des peuples indigènes à l’anthropologie à travers, mais pas seulement, la création de la discipline – les études indigènes. En nous appuyant sur nos expériences de travail avec et contre les anthropologues biologiques et, plus récemment, sur le fait que nous avons été appelés à reprendre contact avec les communautés et les familles dont les restes d’enfants se trouvent dans les tombes anonymes des pensionnats, nous soutenons que l’éthique de la recherche institutionnelle fonctionne comme une technologie du pouvoir colonial dans la production de connaissances sur les peuples, les terres et les relations indigènes par le biais de l’apparence de bonté. Nous soutenons que c’est particulièrement le cas chez les anthropologues biologiques désireux de se distancer des héritages coloniaux de leur discipline et de la mauvaise science. Nous déconstruisons ici une technique coloniale de gouvernance par laquelle le droit moral de gouverner a été replanté en tant que droit moral de savoir. Enfin, nous présentons une approche perverse de la recherche et de la formation qui met l’accent sur l’expertise, le leadership et la gouvernance indigènes.

Bios :

Jessica Kolopenuk, Ph.D.

Jessica Kolopenuk (Cree, Peguis First Nation) est professeure adjointe et titulaire de la chaire de recherche des services de santé de l’Alberta sur la santé autochtone à la faculté de médecine et de dentisterie de l’Université de l’Alberta. Mme Kolopenuk a obtenu son doctorat en sciences politiques à l’Université de Victoria en 2020 et a été professeure adjointe à la faculté d’études autochtones (UofA) de 2018 à 2022. Elle a co-créé SING Canada en 2018 et, avant cela, le programme de recherche et de formation sur la science, la technologie et la société indigènes (Indigenous STS). Kolopenuk construit actuellement le Indigenous STS – Health Research Core à partir de son laboratoire satellite à la Faculté de médecine et de dentisterie. En 2018, elle a remporté le prix d’excellence de la catégorie jeunesse du Centre canadien de politiques scientifiques et en 2021, elle a reçu la médaille d’or du gouverneur général.

La promotion de la gouvernance autochtone dans les domaines de la science et de la technologie nécessite l’étude critique de la production des connaissances scientifiques et de leur institutionnalisation. Elle nécessite également la formation de chercheurs et de praticiens cliniques autochtones. C’est dans ces espaces que s’inscrivent les travaux de Mme Kolopenuk. Elle étudie ce que la génomique signifie pour l’indigénéité et ce que les savoirs autochtones peuvent signifier pour les sciences génomiques. En particulier, elle analyse les dynamiques de pouvoir impliquées dans la recherche génomique, l’éthique et la politique au Canada afin d’examiner comment les connaissances génomiques des populations affectent la gouvernance basée sur la politique dans un contexte de colonialisme. Elle cherche surtout à identifier les moyens par lesquels les peuples autochtones pourraient intervenir et gouverner les connaissances scientifiques et les politiques qui les concernent.

Rick W. A. Smith, Ph.D.

Rick W. A. Smith est professeur adjoint au département de sociologie et d’anthropologie et d’études sur les femmes et le genre à l’université George Mason. Il est directeur principal du laboratoire d’anthropologie moléculaire critique et directeur du centre de recherche sur la science et la société. Il est également chercheur affilié à l’Indigenous STS Lab de la Faculty of Native Studies de l’université d’Alberta et membre fondateur de SING Canada.

  1. Smith est un anthropologue bioculturel qui travaille à l’intersection de la génomique et des études féministes, queer et indigènes sur la science et la technologie (STS). Ses travaux portent sur la manière dont les conditions changeantes du pouvoir deviennent moléculaires. En tant que généticien et chercheur critique de la science, il utilise le concept de “moléculaire” non seulement pour rendre compte des histoires conjointes des changements sociaux, politiques, écologiques et génétiques au cours des millénaires, mais aussi pour analyser les façons dont la science normative du génome, en tant que technologie du colonialisme, a tenté de naturaliser les ordres coloniaux et leurs épistémès.