Belfast (3)

enregistrement

Le lendemain, on va à Belfast: bombe.

– Bombe.

Je dis: «Il faut que je téléphone à ma mère. Ma mè-… ma mère /elle, ø/ voulait pas, hein? Ma mère m’a dit: «Vous êtes fous! Vous allez à Belfast, et s’il y a une bombe?», je lui dis: «/Où, Oui/, une bombe, maman … N’importe quoi, tu en vois de partout, toi!» Je lui dis: «Voilà où on sera», alors ma mère elle me dit: «Donne-moi tout ton itinéraire». Je lui dis: «Mais j’en sais rien, maman, où je vais, je vais en Irlande! Laisse-moi tranquille, tout ce que je peux te dire, c’est que tel jour on sera à Belfast, après …, et tel jour on rentre». Je lui avais même pas dit à… quand x on rentrait à ma mère, pour te dire. J’ai dit: «Ouais, fin juillet, quoi».  Le lendemain: bombe. On regarde les informations, puis tout le monde le savait, tu vois, je suis sûre qu’en France ils en ont parlé, et tout. Euh je dis: «Il faut que je téléphone à ma mère, hein? Elle va flipper, hein?»  En plus, je lui dis: «Ouais, moi je compte aller voir les quartiers catholiques, là où il y a les bombes et tout». Tu sais, ma mère, elle flippait, hein? Je lui ai téléphoné quinze jours après, à ma mère, mais elle s’était pas trop inquiétée, c’est bon. D’Irlande, j’ai téléphoné: «Allô maman?» et tout. «Oh, ma fille et tout, alors comment ça se passe et tout?» /oui, je dis/ «Tout va bien? Vous ne manquez de rien? (Oh, en voyage, vous ne manquez de rien?) – Eh non ça va euh on a tout ce qu’il faut euh – Mais tout se passe bien? euh».  –Elle flippait qu’on fasse du stop. —

– Moi je crois que ma mère elle me tue si XXX

– Moi au début, je lui ai pas dit, je lui ai dit quand on est rentrés. «Ah, elle fait, comment vous avez fait en voyage? – J’ai fait tout en stop – Quoi? – Euh, ouais, à peu près, quoi, je veux dire sur les grandes… grandes lignes, quoi, hein?» Ah, mais, tu rigoles, hein? Tu sais, tu flippes quand même parce que tu arrives à Belfast comme ça, le mec il me dit: «Tiens, c’est là euh… c’est là que ça a explosé ce matin». Tu regardes, tu te dis: «Mais putain merde! J’étais à quatre rues!» Je veux dire, moi, j’étais dans le quartier catholique quand elle a explosé. Oh, j’étais pas dans cette rue mais j’aurais très bien pu y être, hein? Tu dis quand même, bon, ça craint, quoi. Après on est passés à Londonderry quatre, cinq jours, après le jour de fête nationale chez les protestants. Manifestation protestante dans la rue et tout. Tu sais, manifestation culturelle. Contre-manifestation catholique. On arrive. Carrément il y avait presque les mecs qui se battaient, et tout. Flics, soldats, et tout … ça craint l’Irlande! D’ailleurs en Irlande du Nord, ils appellent ça Londonderry, mais en Irlande du Sud, ils appellent ça Derry parce qu’avant, ça s’appelait Derry et quand ça a été annexé euh par les Britishs euh ça s’est x appelé Londonderry, tu vois, pour emmerder euh. Et même certains Irlandais du Sud, ils nous disaient: «Ah! vous êtes allés en Irlande du Nord et tout?» Je fais: «Eh ouais, puis on s’est pas fait tirer dessus, faut pas délirer non plus, hein?» Tu sais parce que je leur dis: «Si vous pensez tout le temps… c’est pas comme ça que vous arriverez à un compromis ou à essayer de vous arranger entre vous si vous avez tout le temps peur les uns des autres, hein?» Euh je fais: «Ouais …» D’ailleurs on s’est plus éclatés dans le Nord que dans le Sud, pour te dire.

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