Vie parisienne (3)

enregistrement

Oui j’ai fait le danseur mondain aussi, si vous voulez. Ça aussi, je l’ai fait. Mais le danseur mondain, ça c’est une autre chose. Vous voyez, ça c’est… c’est… c’est… c’est une /classe, place/, c’est x aussi prendre de l’argent, mais euh il faut le vivre, hein? Il faut se… Croyez-moi, il faut le vivre c’est… c’est… c’est des choses que… on… on voit peut-être plus maintenant. On… ça se voit plus, mais dans le temps euh j’avais un copain qui était à… à Montparnasse et il m’appelait il me disait: «Jean j’ai un client… une cliente pour toi». Euh et il fallait que je fasse le euh vous savez, du commencement jusqu’à la fin, si vous voyez ce que je veux vous dire. Alors des fois euh eh ben, bien souvent quand on a vingt-deux ans, et puis qu’on a une femme de soixante et un ans ou soixante deux ans dans ses bras, ben c’est le danseur mondain. Ça, c’est… c’est le travail qu’il faut voir. Ben, il faut faire du cinéma, il faut croire qu’on a Brigitte Bardot dans les bras. C’est la vie. C’est ça. Ça, c’était la vie parisienne. C’est… c’est… ben on… on… vous tracassez pas, on le faisait pas pour rien. Ah non, non, non. Tout se paye. Mais c’était gagné honnêtement. Ah c’est ça. //// Bon alors, on… on… un danseur mondain, bon, quand il danse euh naturellement c’est pas…, vous voyez, c’est de la… c’est de la haute société, hein, qui vient au… A ce moment-là, ils arrivaient avec la Rolls, chauffeur et tout euh et puis ils viennent incognito. Vous leur demandez pas qui ils sont ni rien du tout, hein, ça d’a-… d’ailleurs ils ne vous répondraient pas, et ça serait fini pour vous, hein? Vous devez être discret au possible. Bon ben, après le bal euh elle vous invite encore en boîte euh euh dans un restaurant pour euh souper, euh c’est toujours elle qui paye, hein? Tout, tout x est payé. Tous ces frais, c’est elle qui paye, après elle vous invite chez elle naturellement. Ça, c’est la vie. C’est… ça a pas changé, hein? Euh je… puisqu’on me force à vous le dire, je vais vous le dire. Bon ben il fallait que je fasse la nuit. Ah ah. Bon alors la seule chose qu’il y avait bien souvent, c’est que, bon ben, quand on avait fait ce qu’on devait faire euh Madame… Madame se… se… s’en allait et elle allait coucher dans sa chambre, hein? Alors euh donc moi, je passais la nuit et puis un jour ben ça m’est arrivé que, eh ben, il y a la bonne qui est arrivée avec son… son plat pour mon petit déjeuner le matin, mais elle était tellement belle que, avec la nuit que je venais d’avoir passé avec une femme qui en avait soixante, vous savez, ça m’a… ben ça… ça m’a stimulé. Alors ben, ben, la bonne euh allez hop! Et puis le midi… le midi… je… bon ben, parce que je me suis pas levé de bonne heure euh j’avais passé toute la nuit euh, vous voyez un petit peu le travail, plus la bonne le lendemain matin, j’étais plutôt fatigué, donc je me suis pas levé de bonne heure et je m’en rappelle… ça m’est arrivé qu’une fois, hein? ce… cette chose. J’ai eu… bon je suis rentré avec cette femme que j’avais été au bal la nuit. Le lendemain matin, ça a été la bonne et quand on est passé à table après, il y avait sa fille. Ah j’ai… une déesse, alors euh ben, ben oui, quand je suis ressorti et ben ben oui, hé, la fille aussi! Et… et ça, c’était la vie, mais ça j’étais pas payé, hein? Ni pour la bonne, ni pour la fille, hein? Ça, j’ai pas été payé. La mère était là, elle a rien dit du tout, hein? Ah elle était consentante. Et ça, c’était comme ça que ça se passait à Paris. Ah, croyez-moi, hein? c’était une bonne vie, mais on… on… on vivait, on se marrait et quand on se retrouvait avec les copains, on était à quatre copains, hein? bon ben, on disait:

-Dis donc, tu as… tu as eu quelque chose, toi, cette nuit?

-Ben oui, j’ai fait une cliente, tiens!

Eh ben, si on avait trois sous, [sifflement] allez hop, on allait bouffer tous les quatre au restaurant. Ah ça il y a pas de problème, hein? Il y avait pas plus de sous pour moi que pour les autres, hein? Non non non non non non. On était vraiment quatre… c’étai(en)t même pas des copains, on était quatre frères pour dire, hein, tellement on s’entendait bien.

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