Guerre d’Indochine (1)

enregistrement

– J’ai fait des stages de saut. Je /me, ø/ suis payé un stage de saut à Saïgon, ensuite euh une fois que j’ai été breveté, eh ben j’ai eu le brevet, j’ai tout fait pour aller au Tonkin, dans le nord, où c’est… où il y a la guerre, quoi. Alors ben après … Une fois là-bas, ben j’ai fait la guerre, et à dix-neuf ans euh /j’ai été, j’étais/ blessé —

– Alors comment ça s’est passé?

– Ben c’est pendant une embuscade, on a monté à l’assaut, tout ça, bê, bon ben j’avais euh… j’étais euh caporal de… d’équipe, il y avait mon fusil mitrailleur qui… qui est mort, l’adjoint, il est mort, puis finalement tout le monde est mort, alors moi j’ai pris le… le fusil mitrailleur, puis j’ai… je suis parti à l’assaut avec, et au bout d’un moment, c’est moi qui /ai, est/ tombé. — Et après j’ai été rapatrié par avion euh… par un petit coucou, là, comme j’ai dit, comme j’ai dit, un petit coucou que… puis qu’ils nous mettaient des… des… les brancards sous les ailes, et pendant qu’on nous rapatriait sur euh Haïphon toujours, dans le nord de Viêt-nam, ça tirait dans tous les coins, alors je disais: «Oh, une balle ça suffit. Il suffit. C’est pas le moment de recevoir encore une autre, là, par avion». Voilà, après ben, après quand j’ai… j’ai… j’ai été guéri ben, après la convalescence, je suis… j’ai repris le… le service comme tout le monde.

– Et vous aviez été blessé où exactement?

– /J’ai été, j’étais/ blessé dans… dans la poitrine à… à un centimètre du coeur. On m’a laissé tomber. On m’a laissé pour mort puis heureusement que euh j’ai essayé… essayé de… de me faire…

– de vous faire entendre, en fait?

– Ouais, enfin j’ai… j’ai… j’ai dit: «Voilà je suis pas mort euh — rapatriez-moi!»

Ce sont les infirmiers qui étaient à côté de vous qui vous ont rapatrié?

– Oui, oui. C’est x eux. Ouais j’ai été rapatrié, surtout que euh c’était… ça… ça tirait dans tous les coins, hein? C’est… c’est x une embuscade. Oh, je sais pas moi! — Je me suis fait rapatrier par le… par les coolies qui m’ont mis un brancard fait avec des bambous. Ensuite, on m’a rapatrié à la base arrière, et après c’est x une infirmière qui m’a… m’a fait une petite piqûre de… je sais pas, là, une espèce de piqûre pour… pour le mal, et après on m’a laissé comme ça sur le terrain. C’est comme ça. Ça tirait dans tous les coins, quoi.

– Et vous aviez pas peur à ce moment-là?

– Eh, peur non, parce que… plutôt mal. Au début, je… on se sentait rien, mais après, hein, après c’est… ça commençait à faire un peu mal. C’est là que… que euh… que j’ai appelé le… J’ai dit: «Voilà, je suis pas mort. Eh oh — faites quelque chose, moi … rapatriez-moi», parce que c’était dans… en pleine rizière, hein? C’est… c’est dans la boue partout, hein? et il y a… il y en avait, hein? Pff, il y avait des blessés, des morts il y en a partout.

– Et, mais vous avez même pas eu peur quand vous avez vu tous… tous vos camarades tomber à côté de vous?

– Non, la peur, non, non. La peur, franchement, la peur, c’est impossible. Nous, on a toujours le… le truc, on parle: l’odeur de la poudre, ça rend fou parce que quand… quand c’est la guerre… guerre euh, la peur, c’est quand ça tire pas beaucoup, mais quand ça tire, là, beaucoup, il y a plus de peur, parce que on devient… c’est l’odeur de la poudre, on devient fou, quoi, c’est tout, hein?

– Et c’est ça une vie d’aventurier, en fait.

– Et voilà, c’est l’aventure, c’est tout, et j’aime bien l’aventure parce que je suis rentré dans l’armée, parce que l’aventure, parce que euh c’est le seul moyen de… de voir du pays à droite à gauche, et je regrette rien parce que j’en ai vu pas mal, hein? J’ai fait presque tout le tour de la terre, hein?

– Et en fait euh la guerre d’Indochine, vous l’avez faite combien… pendant combien de temps?

– Je l’ai fait comme… comme euh tout le monde: deux ans et demi, quoi.

– Il a dû vous arriver plein de choses pendant cette guerre?

– Eh oui, bien sûr, il y a beaucoup euh…

Indochine (2)

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