Une petite promenade dans l’histoire

De temps à autre, pendant mes déambulations dans la ville de Lyon, je passe devant des images énormes et éblouissantes, des personnages significatifs, des bâtiments colorés et des scènes historiques. Ce sont les célèbres murs peints de Lyon — des tableaux exposés sur les murs extérieurs de bâtiments autrement aveugles à travers lesquels l’art raconte l’histoire et le patrimoine lyonnais. 

Conçus par CitéCréation, qui est un groupe de peintres muralistes dont les fresques et les murs peints se trouvent dans de nombreuses villes françaises et mondiales, les murs peints de Lyon embellissent presque tous les arrondissements de la ville. Non seulement les murs peints ajoutent de la couleur et du dynamisme aux rues lyonnaises, mais ils sont également importants étant donné que les sujets des fresques sont nombreux et variés. La fresque des Lyonnais (achevée en 1995) dans le premier arrondissement représente les Lyonnais, tels que André-Marie Ampère, Antoine de Saint-Exupéry et Paul Bocuse, qui ont joué un rôle important dans l’histoire de la ville, de l’Antiquité au présent. Le mur des canuts (créé en 1987), un célèbre mur peint dans le quatrième arrondissement témoigne de la présence du patrimoine de la soie. D’autres thèmes incluent la littérature, la gastronomie et le cinéma et offrent une vue d’ensemble de tout ce qui est important chez les Lyonnais et de tout ce qui a influencé la ville au cours de son développement.

L’histoire juxtapose ainsi la vie contemporaine, puisque les murs peints font partie de la vie quotidienne, et les gens ordinaires qui se promènent devant les murs côtoient les personnages historiques et sont prêts à avancer dans un monde du passé. L’histoire n’appartient pas qu’aux vieux livres oubliés à travers les siècles — l’histoire est vivante et tout autour de nous. Où que j’aille, les murs peints me rappellent que la ville n’était pas toujours la ville que je vois aujourd’hui et je sens comme si les barrières du temps et des années disparaissaient entre moi et ce qui est venu avant.

Les murs peints eux-mêmes possèdent aussi une histoire riche et constituent une caractéristique de Lyon pour laquelle la ville est connue. CitéCréation, créée en 1978, trouve son origine dans la métropole de Lyon, et ses premières oeuvres, y compris Le mur des Canuts, ont été réalisés à Lyon. C’est pour cette raison que la ville est considérée comme l’une des deux capitales européennes des murs peints avec sa centaine de fresques. 

Grâce à ces murs peints, l’histoire et le patrimoine lyonnais se renouvellent à travers les yeux de chaque passant qui les regardent, tout en garantissant que ces traces du passé ne se perdent jamais. 

La naissance d’un rêve

Dix mois avant l’arrivée

En attendant le bus avec un café de Starbucks dans une main, je décide impulsivement de jeter un coup d’œil au site web GoGlobal après avoir lu dans un courriel de UBC le témoignage captivant d’une étudiante qui a passé l’été à Berlin pour étudier la politique européenne. La première année de mes études universitaires n’est pas même commencée et déjà je rêve de l’été prochain. La tête bourrée de possibilités et d’aventures, je parcours sur Google Maps l’Allemagne et l’Espagne. Je relis la liste des programmes d’été sur le site web GoGlobal et il y a bientôt dix onglets ouverts sur mon écran ; chaque programme vante les avantages de la ville où il se déroule et des expériences inoubliables qu’il offre. Je ne sais pas encore où dans le monde je vais me retrouver dans dix mois, mais j’ai déjà hâte.

Les merveilles du monde m’appellent.

Huit mois avant l’arrivée

« Je crois que ce programme te conviendrait très bien », me dit une représentante de GoGlobal en m’offrant une brochure. Je parcours rapidement le texte et j’essaie de visualiser ce qu’il propose — passer six semaines à Lyon cet été. Je ne nie pas que l’idée m’intrigue — bien que je me sois déjà perdue dans les rues labyrinthiques de Paris et de Nice, la ville de Lyon m’est encore inconnue et le mélange du voyage et de la littérature réunit deux notions pour lesquelles je me passionne.

Je soupçonne que l’univers me donne un signe irréfutable quand la semaine suivante je fais la connaissance de deux étudiantes internationales provenant de Lyon. Petit à petit, la présence de la ville, même d’une distance de huit mille kilomètres, s’établit dans ma vie. Grâce à la page Facebook de la ville, des photos spectaculaires de la gastronomie alléchante, des monuments historiques et des quartiers ensorcelants se mettent à m’inonder. Je m’imagine, de plus en plus fréquemment, autour d’une table de cuisine avec une famille d’accueil lyonnaise ou devant l’eau bleu céruléen du Rhône. Je m’imagine avec un niveau de compétence en français plus élevé et avec une compréhension plus profonde de la culture de la ville et du pays. C’est ainsi que le rêve commence — avec le désir de transformer ces images en réalité. 

En cherchant les vols disponibles à destination de Lyon, je me demande combien de temps il faudra pour que la ville de Lyon se trouve une demeure permanente dans mon cœur.

Un départ, une arrivée, une fin et un début

Le ciel s’assombrissait rapidement à l’extérieur de l’aéroport Toronto Pearson où j’attendais mon vol de Toronto à Lyon en passant par Francfort, et quand j’ai levé les yeux de mon roman pour regarder dans la direction du centre-ville, la tour CN était toujours visible parmi les gratte-ciel qui constituent la ligne d’horizon de la ville. Ce serait ma dernière vision d’une ville canadienne avant de partir, et au cours des six prochaines semaines, je ne verrais que la ligne d’horizon des villes françaises — en particulier, celle de la ville de Lyon.

J’avais déjà dit « au revoir » à Vancouver une semaine auparavant, mais cette fois, l’aventure commençait vraiment. Toute seule, je prendrais l’avion pour traverser l’océan Atlantique et demain matin, je serais en France, au beau milieu d’une autre langue et d’une autre culture. Une sorte d’impatience m’a remplie, mélangée d’un sentiment anxieux parce que c’était la toute première fois que je serais si loin de chez moi. C’était presque un nouveau monde qui m’attendait. 

L’avion a enfin décollé et j’ai chuchoté les mots « au revoir » une fois de plus en contemplant le paysage urbain au-dessous de l’avion. Puis, j’ai fermé les yeux et me suis endormie pendant que l’avion avançait à toute allure vers l’Europe.

Lorsque je me suis réveillée, environ six ou sept heures plus tard, j’étais entourée de conversations bruyantes et innombrables en français, en anglais et en allemand. La lumière du soleil du matin n’était pas trop brillante et des nuages grisâtres couvraient le ciel, mais j’étais arrivée en Allemagne et c’était ici que j’attendrais mon dernier vol à Lyon. J’ai déambulé d’un côté de l’aéroport à l’autre en admirant avec mes yeux grands ouverts tout ce que je pouvais voir.

Le vol de Francfort à Lyon était plus court que le vol de Toronto à Francfort. Mon siège se trouvait au centre d’une foule d’élèves finlandais qui ne cessaient pas de parler d’un sujet que je ne comprenais pas. Il était presque 19h quand l’avion a commencé la descente vers l’aéroport de Lyon et j’ai regardé par le hublot la ville que j’appellerais bientôt « chez moi ».

La dernière étape du trajet consistait en une navette entre l’aéroport et la ville et enfin le tram jusqu’à l’hôtel. Sur la route, j’ai remarqué quelques magasins et des supermarchés, y compris la FNAC, la librairie où j’ai dépensé trop d’argent lors de mon dernier séjour en France, ainsi que Monoprix. Enfin, au bout d’une rue pleine de restaurants et de cafés, j’ai trouvé l’hôtel où je passerais les trois prochaines nuits. 

Après 8306 kilomètres, huit jours et trois vols, j’étais enfin arrivée. J’étais ici à Lyon, et de la fenêtre de ma chambre d’hôtel au septième étage, je pouvais déjà apercevoir les lumières de la ville qui scintillaient à perte de vue.

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