Depuis mon enfance, les cartes du monde m’avaient toujours fait rêver. Je passais des heures à glisser mes doigts sur les noms des villes lointaines et sur les frontières dessinées délicatement, croyant que le monde à l’extérieur de mon petit coin n’était pas aussi inaccessible qu’il ne le semblait. Il ne fallait que la longueur d’un crayon pour relier deux villes situées aux côtés opposés d’un pays. Au fur et à mesure que les guides de voyage remplissaient mes étagères, les rêves de voyages extraordinaires remplissaient ma tête.
En réalité, comme je l’ai découvert à partir du moment où je suis montée dans l’avion, un voyage s’avère rarement tranquille et sans faute. Je m’éloignais de tout ce qui m’était familier afin de m’installer dans un environnement entièrement nouveau. Je connaissais très peu de gens à l’exception de ceux avec qui j’étais arrivée et encore moins la géographie de la ville. Si je voulais que mon voyage soit une réussite, il me faudrait bien vite apprendre à me débrouiller.
Les semaines se sont rapidement écoulées. Grâce à ma mère d’accueil, qui se montrait sociable et ouverte, j’ai rencontré des gens de tous les âges. Chacun a partagé un morceau de son histoire, mais une conversation en particulier se démarque du reste.
C’était le neveu de ma mère d’accueil qui est venu dîner avec nous. Il était en route pour Munich, où il allait étudier l’ingénierie pendant un an. Autour de la table de cuisine, lui et ma mère d’accueil ont fait l’éloge des bienfaits et des avantages du voyage. Plonger dans une culture qui offre une vision différente du monde. Apprendre une nouvelle langue qui aide à faire disparaître les barrières empêchant la communication. Créer et consolider des réseaux de contacts. Finalement, connaître le monde. Il faut voyager et vivre à l’étranger pour vraiment connaître le monde.
Au milieu de cette conversation que j’écoutais attentivement et avec fascination, ma mère d’accueil a posé la main sur mon épaule. « Elle est encore jeune, dix-huit ans », a-t-elle dit à son neveu. Puis elle s’est tournée vers moi : « En voyageant plus, tu vas grandir et changer. Je n’en doute pas. »
Le sujet de la conversation a fini par changer, mais j’ai gardé en tête ce petit échange. Ma mère d’accueil avait tout à fait raison — le voyage, c’est l’occasion de voir de beaux paysages et de jolis édifices, mais c’est avant tout une façon de se découvrir, d’apprendre à mieux se connaître et de développer une connaissance plus profonde du monde.