10% de la note = un des travaux pour ce cours sera un commentaire, où vous choisirez une planche d’une BD (ou juste une seule case) et vous expliquerez votre choix et la valeur de cette planche (ou case).
- sujet : une planche / page OU une case
- qui se trouve dans une BD en français
- vous pourriez utiliser une des BD au programme pour ce cours
- … ou un autre album dans la même série (Astérix, Tintin, Marsupilami)
- … ou dans une autre série par le même scénariste, dessinateur, ou auteur (ex. Goscinny / Lucky Luke, Franquin / Gaston Lagaffe)
- … ou une autre BD, pourvu qu’elle soit en français (y compris en traduction française, p. ex. Nick Sousanis, Unflattening / Le Déploiement)
- longueur : 500-750 mots ou équivalent (p. ex. une vidéo)
- date de remise : le 5 mars (par e-mail ; fin de journée, minuit) ou le 6 mars (en classe)
INTRODUCTION:
EN COMMENTAIRE SUR LE COMMENTAIRE,
UNE EXPLICATION DE L’EXPLICATION
Un commentaire d’image ou d’autre objet ressemble dans l’ensemble à un commentaire de texte :
- introduction et identification d’un QUOI préliminaire et superficiel :
- qu’est-ce que c’est que cette chose ?
par qui ? - (souvent aussi—mais pas toujours—et seulement s’il y a une pertinence pour les éléments que vous souhaitez souligner dans la partie principale de votre commentaire) une interrogation supplémentaire qui contextualise l’objet de votre analyse contexte :
pour qui a-t-elle été faite ?
de quand date-t-elle ?
où se trouve-t-elle ?
un contexte immédiat = le texte autour, p. ex. un livre ;
un contexte plus large = son milieu, un groupe ou mouvement (esthétique, intellectuel, social, politique), un lieu, une époque, une culture
- qu’est-ce que c’est que cette chose ?
- le QUOI et le POURQUOI en détail et en profondeur :
que fait cette chose ?
comment ?
pourquoi ?
et à quelle fin ?
= la partie principale (entre 2/3 et 4/5 du commentaire) - le déploiement de(s) POURQUOI(S) :
pourquoi devrait-on la lire ? quelle est sa valeur ?
pourquoi l’avez-vous choisi comme sujet de commentaire ?
reste-t-il des questions ouvertes à poser, des conclusions ou des suggestions pour un élargissement de l’analyse et de la discussion ?
(voir aussi : Roland Barthes)
- le QUOI et le POURQUOI en détail et en profondeur :
que fait cette chose ?
comment ?
pourquoi ?
et à quelle fin ?
= la partie principale (entre 2/3 et 4/5 du commentaire) - le déploiement de(s) POURQUOI(S) :
pourquoi devrait-on la lire ? quelle est sa valeur ?
pourquoi l’avez-vous choisi comme sujet de commentaire ?
reste-t-il des questions ouvertes à poser, des conclusions ou des suggestions pour un élargissement de l’analyse et de la discussion ?
(voir aussi : Roland Barthes)
Interroger, analyser, interpréter, juger : c’est surtout un travail / une approche CRITIQUE.
LE DROIT ET LA JUSTICE…
… ET L’ANALYSE ET LA CRITIQUE
Celles-ci sont liées au jugement: qui doit être équilibré (le bien vs. le mal). Vous mettez vos évidences et vos arguments/vos explications/votre raisonnement dans les plateaux de la balance de la justice, et puis vous les pesez. Notons surtout, depuis la fameuse Wikipédia:
La balance nécessitant l’utilisation de poids, elle obligea à réglementer le pesage avec le plus grand soin.
Voici l’étymologie de base (c/o Project Perseus):
oOo
QUOI ?
C’est un des types d’analyse littéraire.
Ce n’est pas un essai général / la « dissertation » française, mais un commentaire détaillé, et un exercice de bonne lecture. Une lecture minutieuse et l’étude approfondie de la citation ou du passage choisi, et de ses rapports intratextuels ; une mise en valeur de cette petite partie en relation à l’œuvre entière (roman, collection poétique, livre, album) dans laquelle elle se situe.
C’est surtout VOTRE LECTURE : une réaction et appréciation du texte par VOUS, le lecteur individuel – critique, interprète, et juge.
Le commentaire est un des modes/genres d’écriture—et, à débattre, littéraires—les plus anciens, pratiquée partout dans le monde, pendant toutes les époques. Il fait partie d’une famille de formes littéraires ; ces formes ne sont pas identiques mais partagent des liens de parenté… :
- l’analyse et la critique textuelle
- l’exégèse : l’explication, la glose, et le commentaire classiques ; souvent philologiques ; en grec, latin, hébreux, arabe, etc. sur la Torah, la Bible, et le Koran; forme très ancienne d’écriture (y compris de l’Antiquité)
- l’herméneutique : l’interprétation classique
- le commentaire composé / le commentaire de texte / le commentaire littéraire
- l’explication de texte
- close reading
- practical criticism
- la microlecture, qui devient (redevient, retourne…) à la mode: voir par exemple
- Marc Escola, « Présentation : le vœu de myopie », Fabula LHT (Littérature, histoire, théorie) (1e septembre 2007) : http://www.fabula.org/lht/3/Presentation.html
- et ce qu’on a fait dans le séminaire de recherche en études françaises et francophones (UBC département de FHIS)
- et une définition de base, dans l’introduction de Sarah Tribout-Joseph, « Comment relier les microlectures? La longue lettre de Proust à sa mère », Australian Journal of French Studies (1e septembre 2010):
[…] une lecture détaillée […] « petites lectures? Lectures du petit? Les deux choses à la fois sans doute. »*[…] « Petite lectures »* implique plutôt la lecture des passages courts tandis que « lecture du petit »* suggère que le sujet peut s’étaler sur tout le texte. Le premier se rapproche plutôt du commentaire de texte (où il s’agit d’expliquer tout le passage ainsi que de le situer dans le texte); le deuxième se rapproche de l’étude thématique. Nous reviendrons sur cette distinction.
La microlecture n’a pas de méthodologie bien précise. Quoique parente des pratiques scolaires du commentaire de texte français et de son équivalent anglosaxon, le « practical criticism », la microlecture se refuse aux règles fixes d’usage. Ce qui importe, c’est de savoir s’arrêter dans sa lecture, de savoir relire un passage et dégager son fonctionnement. L’un des avantages de la méthode, c’est justement qu’elle ait cette flexibilité, qu’elle s’adapte au texte, que la méthode d’analyse soit dictée par le texte. La microlecture est avant tout un travail de relecture. C’est une manière de lire qui ne vise pas, en premier lieu, le texte dans son ensemble mais plutôt qui essaye d’approfondir la compréhension de certains passages. Comme le dit Richard,* c’est « un changement d’échelle. Elles [les microlectures] visent, dans l’oeuvre lue et commentée, des unités beaucoup moins vastes […] La lecture n’y est plus de l’ordre d’un parcours, ni d’un survol: elle relève plutôt d’une insistance, d’une lenteur, d’un voeu de myopie. Elle fait confiance au détail, ce grain du texte. »
* les citations sont de Jean-Pierre Richard, Microlectures (Paris: Le Seuil, 1979): l’ouvrage de base / de référence pour l’idée de la microlecture
oOo
POURQUOI ?
Pourquoi le faire ? ça sert à quoi ? quelle en est son utilité ?
C’est un exercice intellectuel qui est fortement basé sur l’annotation, et notons qu’on utilise le mot « glose » pour les deux:
« Annotation is often the underemphasized link between what we read and what we write. »
Charlie Wesley, « Mark it up, » dans la rubrique « Do your job better » du Chronicle of Higher Education (le 18 octobre 2012): voir le reste de l’article ainsi que les commentaire. L’article (ainsi que tout le reste de ce journal) est à l’intention des profs, mais fort révélateur… un peu comme l’est Rate My Professor pour les professeurs…
Ou bien, comme le dit Montaigne—soulignant l’importance et l’histoire du commentaire (la « glose » ici), en tant que forme littéraire et de créativité et de culture humaine—mais aussi avec un brin d’ironie voir même de malice, un clin d’œuil ludique avec vous le lecteur (en train d’interpréter, etc.):
Nous ne faisons que nous entregloser.
« De l’expérience, » Essais III.13 (Villey, p. 1069 mais regardez aussi surtout à partir de la p. 1066; le lien vous mène au paragraphe en entier, qui avait commencé à la p. 1065, au tout début de cet essai… Source : The Montaigne Project, c/o The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago.)
oOo
COMMENT LE FAIRE ?
Vous pouvez y apporter toutes vos connaissances extra-curriculaires, d’autres lectures, des recherches, etc.—ils forment votre propre arrière-plan critique individuel—MAIS le bon endroit pour en discuter à votre aise, ce n’est pas l’explication mais plutôt la dissertation. Là, vous aurez de l’espace et du souffle pour le faire.
On vous signale SURTOUT qu’il est bien possible d’écrire une analyse critique brillante sans recours au matériel secondaire (articles et livres de critique). C’est effectivement précisément ce qu’on vous demande de faire !
Les limites à la liberté d’interprétation sont
❊ la POSSIBILITÉ (logique, sens des mots) et
❊ la VRAISEMBLANCE (donc, ni robots ni psychanalyse au 16e s.)
UN GUIDE RAPIDE POUR TOUTE ANALYSE …
- Comment analyser un sujet, comment rédiger (en général) ?
Robert Besson, Guide pratique de la communication écrite, ch. 4: “Comment traiter un sujet.” Paris: Castella, 1987.
QUELQUES RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES EN LIGNE
- Guides rapides:
- Méthode du commentaire composé: version rapide (études-littéraires.com)
- L’essentiel: cet extrait de Micheline Dufau et Ellen D’Alelio, Découverte du poème: Introduction à l’explication de textes (New York: Harcourt, Brace & World, 1967)
- L’analyse de texte (autre version rapide: Sharon P. Johnson, Virginia Polytechnic Institute and State University);
- L’explication de texte chez Tennessee Bob’s Famous French Links
- Guides approfondies, prolongées, plus complètes… :
- Le commentaire composé: version complète (études-littéraires.com)
- Le commentaire composé (Olivier Dautrey, Lyon)
- LE COMMENTAIRE: ce que c’est + une mise en pratique (O’Brien 2011 & 2012 ; une version pour le FREN 220 du « Comment écrire une analyse critique ? » ci-dessous)
- Comment écrire une analyse critique ? (O’Brien 2009, pour FREN 320 & FREN 420)
- On reading, writing, and commentary (O’Brien 2012 & 2016, pour MDVL 302 & 301A )
POUR LA PARTIE PRINCIPALE / LE DÉVELOPPEMENT de votre analyse:
- GLOSSAIRES : le vocabulaire technique et critique spécifique à la bande dessinée
- Fiches de méthode: voir les rubriques « le commentaire de texte » et « étude du texte littéraire » (etudes-litteraires.com) ; dont vous retrouverez une sélection ci-dessous
- Vocabulaire pour l’analyse littéraire (etudes-litteraires.com)
- Les figures de style: liste par types: ex. figures d’amplification (etudes-litteraires.com)
- Les figures de style: liste alphabétique avec une petite description pour chaque figure, ex. la métaphore (etudes-litteraires.com)
- Tableau alphabétique des principaux figures de style: synoptique (etudes-litteraires.com)
- un exemple de commentaire composé: Ronsard, « Comme on voit sur la branche… » (Espace Lettres 3); voir aussi dans la rubrique à gauche sur cette page-là, « le commentaire composé » & « méthodologie rédaction »
L’ÉCRITURE