Pâté chinois (2)

– Ouais, euh mais est-ce que euh… on parlait de ciment. {rires} Est-ce que vous trouvez que le pâté chinois, justement, c’est un ciment national, c’est vraiment un met fondateur dans notre identité, ou qu’au contraire, si vous voulez partir une guerre entre Québécois assis autour d’une table, demandez-leur leur recette de pâté chinois. Ciment ou objet de discorde, Hélène?

– Ben, oh, je pense que c’est euh… Eh mon dieu euh c’est un… c’est un objet de discorde, et Claude Meunier a eu le génie d’en faire une émission euh

– Ouais.

– dans La Petite Vie, mais moi, depuis que je sais que je viens à votre émission Marie-France ce matin, j’en ai parlé euh dans les partys d’Halloween en fin de semaine euh à… à ma voisine ou aux gens que j’ai rencontrés, et euh c’est un plat qui euh ne laisse pas froid, c’est-à-dire qu’il suscite beaucoup de débats, c’est-à-dire il faut absolument faire ça comme ça. Guy est en train de parler de… de son… sa… son aspect terrine dans l’assiette; il y a des gens qui sont complètement contre ça, qui veulent un pâté chinois très très m-… très euh moelleux, très souple. Il faut qu’… il faut… il faut que ça ressemble à tout sauf à une espèce de palette carrée dans l’assiette comme on nous servait peut-être des fois dans les pensionnats ou dans les couvents euh c’est-à-dire

– Ah ouais.

– Est-ce que je peux juste vous arrêter une seconde?

– Oui.

– Parce que finalement, avez-vous 
réalisé que le seul peuple au monde qui fait et qui mange ce pâté chinois est aussi le peuple qui mange de la poutine, qui sont deux plats finalement qui se ressemblent, où tu as vraiment l’impression que ça a été mangé

– Oui, il y a l’étagement.

– avant que tu y arrives …

– {rires} Fin de la parenthèse, j’aimerais que Bernard A. revienne là-dessus tout à l’heure.

Pâté chinois (3)

Pâté chinois (3)

– Oui, mais je m-… ben justement que… ce qu’on vient de dire, c’est que c’est… c’est… ça crée la discorde, c’est m-… c’est pour ça, là, que je trouve ça moi politiquement très inquiétant, le pâté chinois. Ce qui frappe d’abord quand on regarde un pâté chinois, c’est l’extraordinaire rigueur avec lequel c’est mis en ordre.

– Oui, et… et Hélène nous en a apporté dans des plats en pyrex, là, c’est implacable.

– Je me suis forcée, là!

– C’est implacable, c’est un met qui est très très discipliné.

– Ouais.

– Et moi je m’occ-… je pense qu’il y a des traces de pensée totalitaire derrière ça.

– Vous croyez?

– Euh, contrairement à un ragoût… Enfin, là, dans… dans un ragoût, vous avez des légumes qui côtoient la viande, puis vous avez des oignons qui s’étendent sur les tomates

– Oui.

– puis là là, il y a une espèce de promiscuité euh tout à fait démocratique que le chef va venir assurer d’ailleurs en prenant sa cuillère, puis en faisant le tour du ragoût. /Le, Ø/ pâté chinois au contraire, c’est en ordre, c’est la ségrégation tout à fait stricte, et on l’entendait dans votre vox-pop tout à l’heure, l’extrait de l’émission de Meunier, [mm mm] c’est carrément du lavage de cerveau. Je veux dire: “Steak, blé d’inde, patates! Steak, blé d’inde, patates!” c’est comme…

– Ah oui, ça sonne comme un slogan totalitaire, hein?

– Il y a… il y a comme, tu sais, un slogan fasciste derrière tout ça.

– Oui, oui.

– Et quand on dit la discorde, parlez aux… aux amateurs de pâté chinois, vous allez entendre des fondamentalistes, des gens

– Oui.

– qui sont… qui se fient sur leur dogmes et qui sont prêts aux pires atrocités pour défendre leur pâté chinois. Je trouve ça politiquement inquiétant euh et je me demande d’ailleurs si j-… Il faudrait que je fasse une recherche pour voir si… si la lasagne a pas été inventée… (parce que la lasagne, ça ressemble un peu à ça) ça aurait pas été inventé par un conseiller de Benito Mussolini.

– Ouais, ouais, ouais.

– C’est ce genre de… ce genre de met.

– Oui.

Pâté chinois (4)

Pâté chinois (4)

– Pire que ça, maintenant l’a-… l’argument moral

– Oui.

– contre le pâté chinois.  /Le, ø/ pâté chinois, il est contre nature.

– C’est-à-dire?

– C’est-à-dire la nature, l’ordre de la nature, c’est quoi? C’est de mettre, tu sais, des pommes de terre en terre [mm] bon, en-dessous

– En-dessous.

– le maïs pousse sur le dessus

– Oui.

– et le boeuf peut venir piétiner le champ de maïs ou manger les maïs. Dans un pâté chinois, tout le monde le sait, on fait le contraire, on inverse l’ordre de la nature. C’est rien de moins que de contester la volonté du créateur, ça, et moi, si j’étais dans une faculté de… {rires} une faculté de théologie, j’interdirais en tout cas, je m’inquiéterais beaucoup sur le pâté chinois, je l’interdirais.

– Oui.

– Sous un régime taliban, là, c’est le genre d’écart qui ne serait pas toléré.

– Mm mm. Mais en même temps, c’est ça, là, il y a une volonté de contestation en même temps que c’est extrêmement totalitaire, comme i… il y a… il y a vraiment…

– Voilà, alors vous allez… vous mettez le doigt sur ma double inquiétude.

– Oui.

– C’est un met que je regarde avec euh… avec…

– Avec appréhension?

– Avec appréhension.

– Je comprends.

– Ça cache des volontés politiques qui sont peut-être pas tout-à-fait le genre qu’on aimerait tolérer dans une société libre et ouverte. Vive le ragoût!

– Je suis pas sûr qu’on mange beaucoup quand on invite un anthropologue à table avec des considérations comme ça, hein?

– C’est-à-dire que tu as intérêt à ce qu’il fasse pas la cuisine.

Guerre d’Indochine

Un vétéran de la guerre d’Indochine, indochinois de 60 ans né à Hanoï, est interviewé sur son expérience de parachutiste au Tonkin. Il raconte deux anecdotes disctinctes pendant les deux ans et demi qu’il y a passé (de 1952 à 54), et les impressions et les sentiments qu’il a eus sur le moment. Il parle de sa vie d’aventurier et des raisons qui l’ont poussé à s’engager.

Le locuteur a un débit assez lent et hésitant (180 mots / min). Son accent est particulier, c’est un mélange de l’accent indochinois et de l’accent du sud de la France: son intonation est chantante (“le parachuteuh”, “quand on sauteuh”), mais le timbre est nasillard. Les /r/ sont plus gutturaux que ceux du français standard. Par ailleurs, les consonnes fricatives dans les sons /s/ et /ch/ sont douces et un peu chuintées.

Les phrases, courtes, sont souvent juxtaposées et non pas coordonnées (par exemple, “je suis tombé, il y avait juste une flaque d’eau”) et le sujet est souvent dédoublé avec un pronom personnel qui reprend le nom ou le pronom tonique (“L’adjoint, il est mort”, “nous, on a toujours le truc”).

Le niveau de langue est à la fois familier (“un petit coucou”) et technique (“le dorsal” et “le ventral”), dans la mesure où le locuteur utilise le vocabulaire de son expérience d’ancien combattant pour raconter ses anecdotes.

  • Première partie: L’embuscade [00:00 → 04:02]

Il y avait mon fusil mitrailleur qui est mort, l’adjoint, il est mort puis finalement tout le monde est mort, alors moi j’ai pris le fusil mitrailleur et je suis parti à l’assaut avec, et au bout d’un moment, c’est moi qui /ai, est/ tombé.

Indochine (1)

  • Deuxième partie: La méthode du saut en parachute [04:02 → 06:44]

On est entraîné pour, on sait exactement ce qu’il faut faire… Quand on entend la boîte tomber par terre, “tounk!”, on se regroupe “poup!” sinon on se casse les chevilles, hein?

Indochine (2)

Guerre d’Indochine (1)

enregistrement

– J’ai fait des stages de saut. Je /me, ø/ suis payé un stage de saut à Saïgon, ensuite euh une fois que j’ai été breveté, eh ben j’ai eu le brevet, j’ai tout fait pour aller au Tonkin, dans le nord, où c’est… où il y a la guerre, quoi. Alors ben après … Une fois là-bas, ben j’ai fait la guerre, et à dix-neuf ans euh /j’ai été, j’étais/ blessé —

– Alors comment ça s’est passé?

– Ben c’est pendant une embuscade, on a monté à l’assaut, tout ça, bê, bon ben j’avais euh… j’étais euh caporal de… d’équipe, il y avait mon fusil mitrailleur qui… qui est mort, l’adjoint, il est mort, puis finalement tout le monde est mort, alors moi j’ai pris le… le fusil mitrailleur, puis j’ai… je suis parti à l’assaut avec, et au bout d’un moment, c’est moi qui /ai, est/ tombé. — Et après j’ai été rapatrié par avion euh… par un petit coucou, là, comme j’ai dit, comme j’ai dit, un petit coucou que… puis qu’ils nous mettaient des… des… les brancards sous les ailes, et pendant qu’on nous rapatriait sur euh Haïphon toujours, dans le nord de Viêt-nam, ça tirait dans tous les coins, alors je disais: «Oh, une balle ça suffit. Il suffit. C’est pas le moment de recevoir encore une autre, là, par avion». Voilà, après ben, après quand j’ai… j’ai… j’ai été guéri ben, après la convalescence, je suis… j’ai repris le… le service comme tout le monde.

– Et vous aviez été blessé où exactement?

– /J’ai été, j’étais/ blessé dans… dans la poitrine à… à un centimètre du coeur. On m’a laissé tomber. On m’a laissé pour mort puis heureusement que euh j’ai essayé… essayé de… de me faire…

– de vous faire entendre, en fait?

– Ouais, enfin j’ai… j’ai… j’ai dit: «Voilà je suis pas mort euh — rapatriez-moi!»

Ce sont les infirmiers qui étaient à côté de vous qui vous ont rapatrié?

– Oui, oui. C’est x eux. Ouais j’ai été rapatrié, surtout que euh c’était… ça… ça tirait dans tous les coins, hein? C’est… c’est x une embuscade. Oh, je sais pas moi! — Je me suis fait rapatrier par le… par les coolies qui m’ont mis un brancard fait avec des bambous. Ensuite, on m’a rapatrié à la base arrière, et après c’est x une infirmière qui m’a… m’a fait une petite piqûre de… je sais pas, là, une espèce de piqûre pour… pour le mal, et après on m’a laissé comme ça sur le terrain. C’est comme ça. Ça tirait dans tous les coins, quoi.

– Et vous aviez pas peur à ce moment-là?

– Eh, peur non, parce que… plutôt mal. Au début, je… on se sentait rien, mais après, hein, après c’est… ça commençait à faire un peu mal. C’est là que… que euh… que j’ai appelé le… J’ai dit: «Voilà, je suis pas mort. Eh oh — faites quelque chose, moi … rapatriez-moi», parce que c’était dans… en pleine rizière, hein? C’est… c’est dans la boue partout, hein? et il y a… il y en avait, hein? Pff, il y avait des blessés, des morts il y en a partout.

– Et, mais vous avez même pas eu peur quand vous avez vu tous… tous vos camarades tomber à côté de vous?

– Non, la peur, non, non. La peur, franchement, la peur, c’est impossible. Nous, on a toujours le… le truc, on parle: l’odeur de la poudre, ça rend fou parce que quand… quand c’est la guerre… guerre euh, la peur, c’est quand ça tire pas beaucoup, mais quand ça tire, là, beaucoup, il y a plus de peur, parce que on devient… c’est l’odeur de la poudre, on devient fou, quoi, c’est tout, hein?

– Et c’est ça une vie d’aventurier, en fait.

– Et voilà, c’est l’aventure, c’est tout, et j’aime bien l’aventure parce que je suis rentré dans l’armée, parce que l’aventure, parce que euh c’est le seul moyen de… de voir du pays à droite à gauche, et je regrette rien parce que j’en ai vu pas mal, hein? J’ai fait presque tout le tour de la terre, hein?

– Et en fait euh la guerre d’Indochine, vous l’avez faite combien… pendant combien de temps?

– Je l’ai fait comme… comme euh tout le monde: deux ans et demi, quoi.

– Il a dû vous arriver plein de choses pendant cette guerre?

– Eh oui, bien sûr, il y a beaucoup euh…

Indochine (2)

Guerre d’Indochine (2)

enregistrement

– Quoi? Qu’est-ce qui vous est x arrivé, encore? Je sais pas, racontez-moi un… un saut en parachute, mais de nuit, par exemple.

– Eh ben, un saut, ben, je vais vous raconter une histoire. Peut-être vous me croyez peut-être pas, mais … Quand j’ai sauté là-bas, à Hoan-… à Hoan-My, et je suis tombé, il y avait juste une flaque d’eau, et il a fallu que ce soit moi qui tombe dessus, en plein dans la boue, et il y avait mon ceintu-… mon bidon qui m’empêchait de dégrafer mon parachute, et ça tiraillait partout, hein, et finalement euh j’ai mis pas mal de temps pour retrouver le… mon groupe, hein? Et le… le… le seul(e) mare d’eau, c’est moi qui /ai, est/ rentré en plein dedans.

– Et vous /on, ont/ cama-… et vos camarades vous ont pas aidé à ce moment-là?

– Ah non, mais chacun pour soi. Oh c’est… c’est… ça tirait partout, hein? Enfin c’était pas grave. Ouf! c’est… c’est… c’est comme ça, quoi. C’est… il y en a qui tombent dans les arbres, il y en a qui tombent dans la boue, il y en a qui… Ça, c’est… c’est le parachutiste, hein? C’est tout, hein? C’est parce que nous, quand on saute là en Indo, c’est… c’est pas la pa-… c’est pas le parachute civil, hein?

– Mais une fois, vous avez pas eu peur de rester coincé avec votre parachute?

– Non, non, non, non, on est… on est entraîné 
pour, on sait exactement ce qu’il faut faire, hein, quand on est… Supposons qu’on… si… si on s’est accroché dans l’arbre, on sait exactement qu’est-ce qu’il faut faire pour… pour redescendre, quand même.

– Qu’est-ce qu’il faut faire?

– Ben, il faut /ah, a-/… dégrafer son parachute de secours, et descendre par le parachute de secours, par le ventral, quoi, c’est-à-dire le parachute ventral. On descend, ça fait quand même euh pas mal de mètres.

– En fait il y a deux parachutes?

– Oui, on a un parachute dans le dos, le dorsal, et le… le ventral, c’est le… celui de secours, alors si vous… supposons si le dorsal ne s’ouvre pas, vous ouvrez le… le ventral, c’est le parachute de secours, mais quand vous tombez dans l’arbre, vous êtes accroché, alors vous ouvrez le parachute euh du ventral, ça vous fait presque une corde pour descendre en… par terre, alors vous tombez tranquille. Parce que les films comme ils disent, ça, accroché… accroché à l’église de machin, c’est pas vrai, hein, parce que le type, il est dans les pommes.

– Et de nuit, vous avez des… des repères pour… pour savoir où c’est que vous atterrissez?

– Ah oui, nous, bon ben, nous, bon bon, les combinards on… on atta-… on attachait avec un bout de ficelle, avec une boîte de conserve, alors quand… quand la boîte, quand on entend la boîte tomber par terre «tounk!», on se… on se groupe «poup!», on sait que… sinon, hein? sinon on se ca- on se casse les chevilles, hein? hein? Vous savez, il y a des combines partout …

Résidence universitaire

Une femme de ménage qui travaille dans une résidence universitaire en Alsace, est interviewée sur les habitudes des jeunes, Français et étrangers. La Gallia est une résidence universitaire au centre de Strasbourg qui accueille des étudiants majoritairement français pendant l’année universitaire et internationaux pendant les cours d’été. L’entretien s’intéresse à la vie à la résidence et à une comparaison des habitudes des étudiantes étrangères avec celles des Françaises. Il y a une autre femme de ménage, plus jeune, mais elle intervient très peu dans l’interview.

Les deux locutrices ont un accent alsacien, à des degrés différents. La première a un accent très prononcé, alors que la seconde a un accent plus léger. A remarquer notamment: les nasales “an” prononcées “on”, la fermeture de [o] et [ø] devant [r] final, l’assourdissement des consonnes sonores: “boire” prononcé “poire”. Chez les deux locutrices, la syntaxe appartient à un registre très familier («et si encore ce serait du bon vin?», «c’est rare que l’Américaine, elle est sérieuse»); le discours est ponctué d’éléments phatiques comme bon, alors, quoi, hein? et le débit est moyen (225 mots / min.)

  • Première partie: Contextualisation [00:00 → 01:24]

Ça fait la quatrième année que je suis à la Gallia. C’est dur, surtout quand il faut faire les grands nettoyages.

Résidence (1)

  • Deuxième partie: Différents modes de vie [01:24 → 02:49]

Il y a des problèmes avec les étudiantes qui sont pas très propres et tout et ce que j’ai remarqué, c’est que les Américaines et les Anglaises, on en trouve pas beaucoup qui sont propres.

Résidence (2)

  • Troisième partie: L’alcool [02:49 → 04:33]

Et puis elles boivent, les Américaines, elles boivent beaucoup d’alcool. Et si encore ce serait du bon vin? Mais alors le vin de table, vraiment, le pinard, là, c’est affreux!

Résidence (3)

Résidence universitaire (1)

enregistrement

– Bon, alors euh, si vous voulez me dire quel est votre travail, ce que vous faites et depuis combien d’années, et tout ça?

– Bon, moi, ça fait la quatrième année que je suis à la Gallia [oui] et euh, bon c’est x un travail assez…, on peut dire, il y a des moments qui sont assez durs, parce que quand il faut faire les grands nettoyages, il y a les grandes vacances alors euh… et puis on (n’) a pas tellement de temps non plus [mm mm] comme il y a les cours d’été au mois de juillet, hein?

– Ah bon? Il y a des étudiants étrangers qui viennent?

– Oui, il y a des étrangères qui viennent. Des fois, c’est des groupes même, hein? Des professeurs et, euh, là il faut y aller parce que là, il y a des filles qui partent seulement fin juin, alors il faut quand même que ça soit à peu près net, quand les autres ils arrivent, hein [mm mm] alors euh

– Et il y a combien de filles ici?

– Enfin, combien il y a de chambres, combien donc?

– Il y a à peu près trente chambres par é-… par étage par… par femme de ménage. Donc il y a des chambres à deux lits, il y a des chambres à… des chambres à une personne quoi, donc, euh, bof, ça doit faire entre une cinquantaine de personnes [mm mm] là, à peu près, par femme de ménage.

– Oui.

– Et vous travaillez combien d’heures par jour?

– Euh huit heures.

– Huit heures.

– Huit heures, oui, on commence à sept heures et demie, le matin donc jusqu’à quatre heures. [mm mm] Alors on devrait commencer à midi là mais… {rires}

– Aujourd’hui, c’est euh spécial.

– C’est spécial, oui.

Résidence (2)

Résidence universitaire (2)

enregistrement

– Oui bon et euh est-ce qu’il y a beaucoup de… d’étudiantes étrangères ici à la cité?

– Oui.

– Oui on a des Anglaises on a des Américaines, euh bon, Chinoises, Japonaises …

– Eh des Chi- oui on a, mm, qu’est-ce qu’on a? Des Allemandes aussi.

– Oui.

– On a la RFA [mm] (on dit RFA, oui?) [mm mm] euh, oui, oh, mais, ça c’est des Françaises, ça.

– Euh et puis, et puis euh…

– Qu’est-ce qu’on a encore? On a les Grecques mais ça c’est plutôt euh… plutôt pendant les… pendant les cours d’été pendant les périodes

– Oui, mm mm

On a des Grecques qui viennent [oui] oh et puis un peu toutes les nationalités, hein, Espagnol, Portugais aussi

– Eh bien, ça vous en avez une au moins. Oui, d’accord. Et donc, euh, vous me disiez tout à l’heure que parfois il y a… il y a des problèmes des gens qui sont pas très propres et tout mais

– Ah ça oui!

– Et mais est-ce que vous voyez une différence par exemple entre les Françaises et les étrangères?

– Bon, il y a des Françaises qui sont… qui peuvent être aussi sales que… que… [mm mm] que les étrangères, hein? Et ce que j’ai déjà remarqué, c’est que les Américaines, elles sont vraiment… et les Anglaises, on (n’) en trouve pas beaucoup… oui, on (n’) en trouve pas beaucoup qui sont propres.

– Ah bon?

– Elles ne rangent pas, elles sont sales. Elles laissent tout traîner, puis je sais pas comment qu’ils vivent moi, mais, des fois, leurs chambres c’est x une porcherie.

– Ah bon?

– C’est x une vraie porcherie, c’est vrai.

Résidence (3)

Résidence universitaire (3)

enregistrement

– C’est il… il faut… il faut voir pour le croire, hein? [oui] Si, c’est vrai, il y a des… des chambres, vraiment euh tu as pas envie de faire un coup de balai et puis c’est bon, hein, on peut rien faire. [oui, oui] Alors si une fille ne range pas, elle nettoie même pas la table, alors bon, elles ont mangé, elles ont leurs papiers, elles font leurs cours, hein? Alors bon, elles ont la confiture, et puis tout, et puis elles font des cours quand même. [oui] Hein? Et puis elles… elles… elles boivent, les Américaines, elles boivent beaucoup d’alcool.

– Ah bon?

– On a déjà eu… Elles étaient saoules comme des Polonais, des Polonaises plutôt!

– Ah là là!

– Si c’est des…

– Ça m’étonne, je savais pas ça.

– Ah si, ça c’est vrai. Il y a pas longtemps… euh dans la… dans la… chez votre collègue, là, il y avait une Américaine et une Française, puis elles mettaient la… la radio à fond, et puis euh «Mais qu’est-ce qui se passe là-dedans?» Et puis elles ouvraient les portes, elles claquaient les portes et tout à coup, la fenêtre, elle a volé en éclats, et puis elles fai-… elles faisaient vraiment les folles, la fille, et puis on a débranché dehors. La police est venue voir ce qui se passe. On a vu l’Américaine saoule, saoule, saoule en plein jour.

– Mais je me demande comment elles peuvent suivre des cours et tout ça, hein, dans un état pareil.

– Oh moi, je sais pas non, moi je crois plutôt… On parle des fois, bon, il y a aussi des filles sérieuses hein? [mm] Mais c’est…, je vous dis, c’est rare [mm mm] c’est rare que l’Américaine, elle est sérieuse, hein? [mm mm] Parce que je dis moi euh, elles apprennent pas, elles… elles sont pas venues ici pour apprendre le français. C’est plutôt euh euh la façon de boire, quoi! Et si euh encore ce serait du bon vin? Mais alors le vin de table, vraiment, le… le pinard, là, c’est x affreux! [oui] C’est…

– Oui, alors le résultat, c’est pas excellent.

– Oh, mais il y a quand même des filles… [mm mm] Heureusement qu’on a des filles vraiment euh propres, quoi, qui rangent [mm mm] et puis leur lit, il est fait, hein? [oui] Oui ça on peut pas dire, hein, on peut pas tous les mettre dans… dans le même bain, hein?

– Mm mm, oui, d’accord.

Vie parisienne

Un homme de 61 ans est interviewé à propos de ses jeunes années dans le Paris des années 1950. Il raconte ses différents emplois et finit sur son expérience de “danseur mondain”, et son récit est entrecoupé de conseils aux touristes de Paris et d’une tentative de définition de “la vie parisienne”.

Son accent est assez marqué par l’influence de ce qu’on appelle le “parisien des faubourgs” ou le “titi parisien”: on remarquera entre autres choses que son intonation est traînante, notamment sur l’avant-dernière syllabe des groupes de mots, plus appuyée que celle du français standard. Par ailleurs, les /r/ sont souvent prononcés de façon assez, voire très gutturale, sauf en fin de mots où “autre” devient “aut'”.
Le vocabulaire du locuteur est symptomatique d’un lieu (Paris) et d’une époque (fin des années 1940, début des années 1950) particuliers: les expressions “les petites filles” ou encore le “dancing” font datées pour le locuteur contemporain. Le niveau de langue est globalement familier (“boulot”, “potes”) mais c’est surtout la prononciation qui fait populaire : soit prononcé “souaille” ou Arc de Triomphe prononcé “trionfle”. Débit: 231.4 mots/min.

  • Première partie: La vie parisienne [00:00 → 01:04]

On (n’) était pas un orchestre, vous voyez, de vedettes. J’étais pas payé … euh… comme on est maintenant, hein? C’était pas un orchestre renommé, hein, c’était entre copains.

Paris (1)

  • Deuxième partie: Les monuments parisiens [01:04 → 03:04]

L’Arc de Triomphe, la Tour Eiffel, bon ben, c’est tout, mais ça c’est pas la vie parisienne, ça c’est les monuments parisiens, ça, c’est tout.

Paris (2)

  • Troisième partie: Le danseur mondain [03:04 → 06:32]

Eh ben, bien souvent quand on a vingt-deux ans, et puis qu’on a une femme de soixante-et-un ans ou soixante-deux ans dans ses bras, ben c’est le danseur mondain.  Ça, c’est… c’est le travail qu’il faut voir.

Paris (3)

Vie parisienne (1)

enregistrement

Ma… mais ma vie, vous voyez, si je… je… vous réécoutez la cassette, elle a été… elle a été bien pleine, hein? Bon mais tout ça, je faisais quand même mon boulot entre deux, parce que le… le soir, j’étais dans un orchestre, mais dans la journée, je travaillais. On (n’) était pas un orchestre, vous voyez, de vedettes, j’étais pas payé euh comme on est maintenant, hein? C’était pas un orchestre renommé, hein, c’était entre copains. Il y avait un batteur, il y avait un pianiste, et moi, qui… et un accordéoniste c’est tout. Alors moi, j’étais comme batteur. Il y avait mon pote qui était accordéoniste et puis un autre qui était à euh… au piano. On (n’) était qu’à trois euh bon ben, on… on faisait aussi des bals, des petits bals populaires entre deux parce qu’il fallait quand même avoir un petit peu de sous, aussi. On (n’) était… on (n’) était pas beaucoup payé dans ce temps-là, hein? On était payé à la soirée alors euh il fallait bien gagner sa vie, et puis il fallait bien manger. Et puis en plus de ça, il fallait bien boire, puis il fallait sortir les petites filles. Ah, ça coûte cher, vous… vous savez, vous coûtez cher, les filles, hein? Et que ça soit de mon temps euh… ça coûtait cher, hein? Ah ben, il faut… il faut quand même vous inviter au restaurant, et tout ça et après, c’est le bal, c’est… puis c’est… puis c’est la suite, quoi. Alors euh vous savez ça, c’est… mais c’était la vie parisienne.

Paris (2)

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